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"Nous sommes en République à une voix près" : de quel fait historique parle Emmanuel Macron ?

À neuf voix près, la motion de censure transpartisane présentée lundi par le groupe Liot aurait pu faire tomber le gouvernement d'Elisabeth Borne. Lors de son interview sur France 2 et TF1, le président de la République a fait appel à l'histoire pour balayer cet argument.
Article rédigé par franceinfo - Guy Registe
Radio France
Publié Mis à jour
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Emmanuel Macron interrogé mercredi 22 mars sur France 2 et TF1. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Lundi la motion de censure contre le gouvernement, à propos du 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites sans vote, a été rejettée à neuf voix près. Neuf voix qui auraient pu faire tomber le gouvernement d'Elisabeth Borne. Interrogé mercredi 22 mars sur la séquence qui s'est jouée l'Assemblée nationale, le président de la République, a répondu à Julian Bugier :"Nous sommes en République à une voix près". Emmanuel Macron en avant un épisode historique peu connu de la IIIe République. 

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Pour comprendre l'argumentation du chef de l'État, il faut faire un petit retour en arrière, le 30 janvier 1875. Ce jour-là, c'est l'adoption de l'amendement défendu par Henri Wallon à l'Assemblée nationale, racontent les archives du Sénat. Henri Wallon propose d’ajouter dans le projet de loi constitutionnelle sur l’organisation des pouvoirs publics, cette phrase "le Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans. Il est rééligible."

Henri Wallon, le "Père de la Constitution"

 

L’amendement est adopté par 353 voix contre 352 : le mot "République entre donc dans la loi constitutionnelle", peut-on lire sur le site du Palais du Luxembourg. Henri Wallon, professeur à la Sorbonne, catholique pratiquant et historien très conservateur, rappellent les archives de l'Assemblée nationale, gagnera par ce vote le surnom de "Père de la Constitution".

C'est cet épisode que nous rappelle Emmanuel Macron qui fait dire que la IIIe République a été fondée à une seule voix de majorité. Mais ce n'est pas totalement exact si on prend en compte les autres votes sur ce projet de loi constitutionnelle qui ont suivi et où figure le texte proposé par Henri Wallon. Tous ces textes constituent" le vote juridiquement décisif", indique sur le site de l'Assemblée nationale François Goguel, spécialiste de l'histoire politique française et considéré comme l'un des pères de la sociologie électorale.

Dans ce projet la loi relative au Sénat est adoptée le 24 février par 435 voix contre 234, la loi sur l’organisation des pouvoirs publics obtient le 25 février 425 voix contre 254 ; enfin, le 16 juillet 1875, la dernière des lois constitutionnelles de la IIIe République, qui concerne les rapports entre pouvoirs publics, est votée par 520 voix contre 94. Autant de textes qui ont obtenu des majorités beaucoup plus larges.

 

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