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Retour en quatre actes sur les tentatives de vente de Dailymotion

Orange veut vendre une part du capital de Dailymotion, que l'opérateur de télécom détient à 100%. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a réaffirmé sa préférence pour une option européenne.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le logo du site de partage de vidéos Dailymotion. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Emmanuel Macron emboîte le pas à Arnaud Montebourg. Le ministre de l'Economie n'entend pas laisser Orange décider seul de l'avenir de Dailymotion. Pas plus que ne l'avait fait son prédécesseur, qui avait empêché, en 2013, la vente de la plateforme française de partage de vidéos à l'américain Yahoo!. 

Retour en quatre actes sur les tentatives avortées de vente de cette "pépite française".

Acte 1. Orange devient le propriétaire à 100% de Dailymotion

Créée en 2005, Dailymotion n'a jamais pu concurrencer YouTube, racheté en 2006 par Google pour 1,6 milliard de dollars. Néanmoins, l'Etat juge que cette société est stratégique, au point de prendre en 2009 la moitié du capital via le Fonds stratégique d'investissement. Cette part est ensuite cédée à France Télécom, qui grimpe progressivement dans le capital.

Et le 10 janvier 2013, explique Le Figaro, l'opérateur de télécoms Orange "devient l'unique propriétaire de Dailymotion, en acquérant les 51% restants du capital de la plateforme de vidéos française, complétant l'acquisition de 49% réalisée en janvier 2011. Au total, l'opérateur de télécommunications a déboursé 193 millions d'euros." 

Acte 2. Montebourg empêche la vente à Yahoo!

Orange prend acte du fait que Dailymotion ne possède pas la taille critique suffisante pour concurrencer YouTube aux Etats-Unis, et l'opérateur cherche un allié puissant outre-Atlantique. Le moteur de recherche américain Yahoo! se montre intéressé, et les négociations commencent. Montant espéré de la transaction : 300 millions de dollars (279 millions d'euros), indique Le Figaro.

Les discussions sont vite interrompues. Orange doit renoncer, au printemps 2013, à la cession de sa plateforme. Car, à l’époque, Arnaud Montebourg, le tonitruant ministre du Redressement productif, tape "du poing sur la table, empêchant la transaction, au motif que Dailymotion devait demeurer sous pavillon hexagonal" rappelle Le Monde

Acte 3. Orange cherche un nouveau partenaire

Orange s'est, depuis, remis en quête d'un partenaire pour sa filiale afin de l'aider à faire face à la concurrence écrasante de YouTube et poursuivre son expansion à l'international. Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, a déclaré à la mi-mars être "en simples négociations" avec le fonds hongkongais PCCW pour qu'il prenne une participation minoritaire dans Dailymotion. Il estime que ce partenaire, présent dans les télécoms, les médias et d'autres secteurs et dirigé par Richard Li, fils cadet du milliardaire Li Ka-Shing, peut aider la plateforme de vidéos à s'installer durablement sur le marché asiatique.

Le patron d'Orange, cité par Reuters, affirme alors que l'avenir de la plateforme de vidéos en ligne se joue à l'international. Et il qualifie d'"inepties" la notion de patriotisme économique appliquée à internet.

Acte 4. Emmanuel Macron s'interpose

Surprise, mercredi 1er avril. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, réagit comme son Arnaud Montebourg. Il stoppe les négociations d'Orange avec le groupe hongkongais. "Nous avons demandé à Orange de prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne", confirme le ministre au Monde. "Comprendre : Dailymotion est une 'pépite' hexagonale et il serait préférable que l’opérateur privilégie des partenaires européens voire français pour assurer son développement", précise le quotidien. 

Selon Le Monde, le groupe français Fimalac, dirigé par Marc Ladreit de Lacharrière, qui possède déjà le groupe de médias numériques Webedia (PurePeople, PureMedias...) serait intéressé par la plateforme. Les groupes allemands Axel Springer et Bertelsmann sont également mentionnés.

"Toutes les portes restent ouvertes", s'est contenté de réagir Orange, interrogé par Reuters.

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