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Reportage "Si tu le ne le portes pas, donne-le" : Emmaüs se mobilise contre la concurrence de Vinted, leboncoin et Videdressing

L'association ne peut plus vendre que 40% des objets collectés, contre 60% il y a 20 ans car les dons sont moins nombreux et surtout de moins bonnes qualité. Elle lance une campagne contre les plateformes en ligne.
Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des vêtements de seconde main vendus dans une boutique Emmaüs de Montreuil (Seine-Saint-Denis), en mars 2023. (SANDRINE ETOA ENDEGUE / FRANCEINFO)

Derrière le comptoir de l'une des boutiques Emmaüs de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Itimade, "salariée embauchée en 2014" par l'association, le constate : les dons de vêtements ont diminué depuis le Covid : "C'est la crise en tout... Ils préfèrent vendre". La qualité, également, n'est plus au rendez-vous : les gens n'hésitent plus à apporter des habits "troués" ou avec "des poils de chat" qu'Itimade préfère jeter.

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Lilia, une cliente, l'avoue : même s'ils ne méritent pas non plus la poubelle, les vêtements qu'elle donne aux associations n'ont rien à voir avec les pièces qu'elles préfèrent vendre sur internet. "Souvent, ce sont des vêtements de qualité, je préfère que ça me donne un bénéfice pour pouvoir racheter d'autres choses et puis pour finalement que tout circule", se justifie-t-elle. La dernière vente de Lilia lui a rapporté "entre dix et 20 euros". Elle fait partie des 23 millions de personnes inscrites sur la version françaises de Vinted, la célèbre plateforme qui en compte 80 millions dans le monde.

Vinted, leboncoin ou encore Videdressing... L'émergence de ces sites de revente en ligne prive les clients d'Emmaüs de dons en général, et de dons textiles de bonne qualité en particulier, estime l'association. Sur les 320 000 tonnes d'objets divers collectés (vêtements, meubles, appareils électroniques, jouets) par an, elle ne peut plus en vendre que 40%, contre 60% il y a 20 ans. D'où le lancement, jeudi 16 mars, d'une campagne de communication nationale ciblant ces plateformes.

Valérie Fayard, directrice générale déléguée d'Emmaüs France. (SANDRINE ETOA ENDEGUE / FRANCEINFO)

Au slogan choc de Vinted "Vous ne le portez pas ? Vendez-le !", Valérie Fayard, directrice générale déléguée d'Emmaüs France préfère : "Si tu ne le portes pas, donne-le !" "L'idée, c'est de créer un petit électrochoc et que les gens qui ont des choses dont ils ne se servent plus ne les vendent pas sur une plateforme, mais les donnent à Emmaüs ou à une autre structure de réemploi solidaire."

Les plateformes, "un instrument de surconsommation"

Du côté de Vinted, on indique encourager les ventes d'occasion plutôt que des articles neufs et donc contribuer à lutter "contre les effets négatifs de la mode". "C'est plutôt un instrument de surconsommation et notamment par rapport à la question de la fast fashion, répond Valérie Fayard. Et ce n'est pas du tout un instrument d'économie circulaire, comme les plateformes veulent quelquefois le dire".

Sandrine, cliente d'Emmaüs, refuse d'acheter ou revendre des vêtements d'occasion sur les plateformes en ligne comme Vinted. (SANDRINE ETOA ENDEGUE / FRANCEINFO)

C'est aussi ce que pense Sandrine. Cette costumière n'achète que des vêtements d'occasion.  "J'en ai pour plus de 1 000 euros. Et en fait, à la fin, ça m'a coûté en tout 100 euros", se félicite-t-elle. La chineuse en revend une partie lors de vide-greniers mais assure : "Je ne fais pas de l'argent, je ne vais pas me dire 'ça je pourrais le vendre 15 balles'. Je ne suis pas du tout réseaux sociaux. J'estime qu'on rencontre les gens, on les touche, on les voit". Dès qu'elle peut, Sandrine dépose ses vêtements, dans le meilleur état possible, dans une borne textile Le Relais. Il en existe 23 000 dans toute la France.

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