Nucléaire : les centrales françaises ne sont pas à l’abri d’un "cumul" d'incidents
Cinquante-huit tranches réparties sur 19 sites : le parc nucléaire français est l’un des plus sûrs au monde.
_ Pour preuve, sur les 750 "incidents" déclarés chaque année, moins de 10% figurent dans l’échelle internationale Ines (déplier notre infographie ci-dessous). En 2009, seuls deux incidents ont atteint le niveau 2 de cette échelle (Tchernobyl était de niveau 7, le plus haut. Fukushima, de niveau 6, pour l’instant).
Mais à Fukushima, c’est un cumul de catastrophes naturelles qui a conduit à l’accident majeur : d’abord un tremblement de terre, puis un tsunami qui a anéanti les circuits de refroidissement de quatre réacteurs.
L’Autorité de sûreté nucléaire, (ASN, le "gendarme du nucléaire" en France), le révèle aujourd’hui : l’éventualité d’un tel cumul n’a pas été pris en compte en France, dans l’évaluation des risques.
_ En clair : une centrale française située en zone inondable serait-elle capable de faire face à une panne électrique de ses circuits de refroidissement, suivie d’une inondation des générateurs diesel chargés de prendre le relais ? Rien ne permet de l'affirmer.
L’hypothèse n’a jamais été envisagée
"Comment faire face à un cumul d’agressions de ce type ? C’est un sujet que, jusqu’à présent, on n’a pas pris en compte", reconnaît André-Claude Lacoste, président de l’ASN. "Nous ne sommes pas nourris de certitudes tranquilles, d'ailleurs qui peut l'être après ce qui vient de se passer ?", a ajouté le patron de l’ASN, à l’issue de la présentation au Parlement du rapport annuel sur l’état de la sûreté nucléaire en France.
A la lumière des retours d’expérience de Fukushima, l’Autorité indépendante va donc pouvoir enrichir sa liste de scenarii catastrophe. L’ASN a été chargée la semaine dernière par le gouvernement de procéder à un audit de toutes les installations nucléaires françaises, à commencer par les 58 réacteurs en activité.
Les premières conclusions de cet audit devraient être publiées à la fin de l’année.
Les centrales qui ne seront pas jugées sûres à 100% seront fermées, a promis le gouvernement.
Des aménagements pourraient également être préconisés. Par exemple, "la création d'un parc de secours de diesels mobile sur l'ensemble des installations nucléaires en France" ou que, "sur des centrales installées le long de la côte, les diesels soient plutôt installés sur la falaise qu'en bas", suggère André-Claude Lacoste.
Gilles Halais, avec agences
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