Un concert pour L'Huma, monument de la presse en péril
2010 a bien commencé pour L'Humanité. Mais après la bonne nouvelle de janvier, le journal doit consolider ses ventes pour pour que l'année ne se termine pas par le naufrage. Une course contre le temps et l'argent que L'Huma doit régulièrement courir depuis une dizaine d'années.
_ La bonne nouvelle, c'est la vente du siège du journal, qui traînait depuis deux ans. L'Etat a racheté le 22 décembre l'immeuble conçu par l'architecte brésilien Oscar Niemeyer (qui a aussi construit le siège parisien du PCF, place du colonel Fabien) pour en faire sans doute la future sous-préfecture de Bobigny.
Les 12 millions d'euros ainsi engrangés - le journal en demandait 15 - permettent un nouveau sursaut et font oublier la grande peur de l'été 2008, quand un premier acheteur s'était désisté, plaçant le quotidien dans une situation désespérée. Une souscription de deux millions euros avait été à moitié couverte en quelques semaines. Mais la perfusion était insuffisante pour durer. Cette fois, Patrick Le Hyaric, le directeur, assure que l'Huma va pouvoir rembourser la “quasi-totalité” de ses dettes.
Reste à éviter de replonger. Le concert de ce lundi soir dans la salle parisienne du Bataclan vient donc en soutien d'une campagne centrée sur les abonnements. Une vingtaine d'artistes ont répondu à l'appel.
L'ex-organe central du Parti communiste français voit son lectorat fondre avec une régularité inquiétante depuis longtemps. Au lendemain de la guerre, en 1945, il culminait avec un tirage de 400.000 exemplaires. Sa lente érosion s'est accélérée après la chute du communisme. Il se maintient aujourd'hui autour de 51.000 exemplaires.
Cette lente chute des ventes s'est accompagnée dans les années 90 de la coupure du robinet de Moscou. Jusque là, l'Huma a indirectement bénéficié de financements attribués par l'URSS. Une fois cette béquille retirée, le journal n'a plus pu compter que sur lui-même. Cette révolution financière s'est accompagnée d'une réflexion sur la ligne éditoriale. Le quotidien abandonne la mention “organe central du PCF” en 1994, puis celle de “journal du PCF” en 1999. Si ses liens avec le PC restent forts (mi-janvier, Marie-Georges Buffet a elle-même distribué L'Huma nouvelle formule), le journal se veut plus largement ouvert sur les courants de la gauche et de l'extrème-gauche.
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