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Sommet Europe-Russie : du feu sous la glace

Un sommet bilatéral Russie-Union européenne se tient aujourd'hui à Nice. L'heure semble être à la réconciliation, après la période de froid provoquée par l'intervention russe en Georgie. La crise financière et les nécessités énergétiques pourraient bien rendre les uns et les autres beaucoup plus conciliants.
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Ce sont deux maquignons méfiants qui se rencontrent aujourd'hui sur la Promenade des Anglais. Européens et Russes ont beaucoup à marchander, mais aussi quelques lourds contentieux à surmonter.

Il y a pourtant des épreuves qui rapprochent. La crise économique et financière, par exemple. Durement éprouvées par la déconfiture du système bancaire, la chute des bourses et l'échouage de l'économie qui se profile, Europe et Russie ont pris conscience de leur vulnérabilité. Elles comptent l'une sur l'autre pour imposer leurs idées de réformes aux Américains lors du G 20 de ce week-end.
_ D'où un assaut d'amabilité deux côtés de l'Oural : “Nous partageons la même vision de la genèse et de la nature de la crise”, ronronne Dmitri Medvedev. “La Russie est un partenaire indispensable, incontournable”, gazouille en retour le président de la Commission, José Manuel Barroso.

Gaz Russe

Autre dossier source d'œillades, l'énergie et le commerce. L'Europe est le premier partenaire économique de la Russie et dépend en très grande partie d'elle pour ses approvisionnements en gaz naturel. Les coupures de Moscou dans ses anciens pays satellites pour faire pression sur eux donnent des sueurs froides aux capitales occidentales, qui militent pour des oléoducs à trajets directs, sous les mers (Caspienne et Baltique).
_ Mais l'Europe n'est pas non plus à genoux. La Russie est friande de produits européens et surtout, compte sur les pays de l'UE pour soutenir sa candidature à l'OMC. Voilà qui se monnaye...

Retrait en Géorgie

Mais une vilaine affaire vient faire obstacle à ces puissants phéromones diplomatiques : la Géorgie. L'invasion russe au cœur du mois d'août a rompu le charme et la confiance. L'Europe continue à refuser le statu quo en Géorgie, notamment sur la question du retrait. Elle reste encore accrochée au respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie, et demande un retrait total.
_ Moscou considère qu'il est achevé, selon les accords négociés. Ses troupes sont certes encore présentes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Mais la Russie affirme ne pas voir où se situe le problème, puisqu'elle considère les deux provinces séparatistes comme désormais indépendantes. Ce n'est pas l'avis du président géorgien Mikheïl Saakachvili, qui rappelle, un peu angoissé, qu'il “faut toujours garder des principes”, et espère que l'Europe ne le lâchera pas.

Missiles aux portes de l'Europe

Autres pommes de discorde, les appels du pied de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Occident. Retoquées à la candidature pour l'UE (Paris et Berlin s'y opposaient), elle courent toujours leur chance à l'Otan. Une ouverture de négociations d'adhésion sonnerait comme “un incendie du Reichtag”, pour Moscou, selon les mots de son ambassadeur auprès de l'Alliance. Or les 27 sont divisés sur la question.
_ Et puis il y cette dispute américano-russe sur le bouclier anti-missiles US en Pologne. Elle se solde par la menace russe de déployer des missiles nucléaires à Kaliningrad, juste à la frontière de l'UE. Voisinage pour le moins gênant.

Cette danse moscovite entre le chaud et le froid est qualifiée par José Manuel Barroso de “signaux contradictoires”. Pour lui, l'intérêt de ce sommet sera de “ vérifier à quel point la Russie est prête à engager” un dialogue sur toutes ces questions.
_ Moscou pourra en tout cas compter sur un avocat zélé : la France. Après s'être montré très anti-Poutine pendant sa campagne, Nicolas Sarkozy s'est découvert une passion pour les dirigeants russes. A tel point que la France plaide pour un espace humain et économique commun UE-Russie. Le projet sera le sujet de discussions bilatérales Paris-Moscou. Bilatérales seulement.

Grégoire Lecalot, avec agences

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