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Pas de dîner à l'œil, pas de chronique dans "Marie Claire"

Un haut responsable du titre voulait se faire offrir un repas contre une mention dans une rubrique culinaire du mensuel féminin. Devant le refus du chef, le restaurant a été exclu de la sélection.

Article rédigé par Christophe Rauzy, Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (FRED TANNEAU / AFP)

MEDIAS – L'anecdote ne manque pas de sel. Le restaurateur Pierre Jancou a été retiré d'une sélection gastronomique du magazine Marie Claire parce qu'il avait refusé d'inviter le directeur général délégué du groupe de presse, Jean-Paul Lubot. L'incident a été rapporté par le blog culinaire Food Intelligence, du critique Bruno Verjus, lundi 22 octobre, qui publie les échanges de mails entre les deux hommes. Une correspondance houleuse confirmée à francetv info par le restaurateur en personne. 

Acte 1 : le restaurant est retenu par le magazine

Tout commence par un premier e-mail de l'assistante de Jean-Paul Lubot adressé à Pierre Jancou. Elle lui annonce une bonne surprise : son restaurant, Vivant (Paris 10e), est retenu dans une sélection culinaire du magazine. Mais en échange, l'éditeur du mensuel féminin souhaite goûter la carte à l'œil, et venir accompagné si possible.

Le procédé ne plaît pas au restaurateur, qui refuse sèchement. C'est alors Jean-Paul Lubot lui-même qui répond et fait valoir son influence. "Marie Claire est le premier magazine féminin haut de gamme français (485 000 ex./mois) et est reconnu pour son professionnalisme depuis plus de 50 ans. L'édition parisienne, dans laquelle vous étiez censé apparaître, est diffusée à près de 100 000 ex. et touche près de 500 000 personnes habitant Paris et la région parisienne." Le patron de presse annonce alors que Vivant est retiré de la sélection du magazine.

Acte 2 : échange de mails houleux entre les deux hommes

Pas impressionné, le chef se rebiffe à nouveau et répond vertement à Jean-Paul Lubot, à qui il reproche de n'être "absolument pas un journaliste gastro". Puis il lui fait une recommandation : "Continuez à vous occuper de mode, ce sera mieux pour tout le monde." C'est alors que l'échange de mails dérape.
 
Jean-Paul Lubot reprend la plume, la moutarde lui est montée au nez : "Vous êtes le seul à réagir de la sorte… Et de manière aussi agressive. Les autres ont bien compris que c'était une opportunité de mise en avant de leur établissement dans un grand magazine. (…) Vous n'avez rien compris et fait que confirmer votre pingrerie bien connue du milieu."

Contacté par francetv info, Pierre Jancou revient sur cet échange qui a tourné au vinaigre. "Je n’ai pas aimé sa démarche, d’où ma manière d’écrire la réponse un peu sèche. Je n’ai pas beaucoup aimé me faire traiter de pingre. Je n'aime pas les gens un peu nantis qui se croient tout permis. J’ai déjà été sollicité plusieurs fois par des journalistes, qui m’ont proposé plusieurs fois ce genre 'd’échanges de marchandises', que j’ai toujours refusés."

Acte 3 : le chef raconte sa mésaventure 

Fâché, il a souhaité donner suite à l'affaire. "J’ai donc décidé d’envoyer l’échange de mails au critique Bruno Verjus, qui est un ami. Il m’a demandé si je l’autorisais à les publier et j’ai dit oui." Pour l'heure, être retiré de Marie Claire n'a pas nui à Pierre Jancou, dont la table a reçu cette semaine encore une critique positive du New York Times (en anglais).

Acte 4 : le groupe Marie Claire désapprouve "l'erreur personnelle" de Jean-Paul Lubot

Par communiqué, le groupe de presse a fait savoir mercredi qu'il désapprouvait "fermement (…) l'erreur personnelle" de son directeur général délégué. "La direction réaffirme que les collaborateurs du groupe ne doivent pas utiliser leur position afin d’obtenir des avantages personnels auprès de tiers", indique-t-il. Reste à savoir si cette polémique gastronomique se terminera à l'étouffée.

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