Ockrent-Pouzilhac : la guerre des patrons continue
Chausses-trappes, grosses colères, psychodrames et coups fourrés. La “saine” ambiance qui a régné pendant des mois à la tête de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), qui coiffe la chaîne de télévision France 24 et la radio RFI, vient de trouver un second souffle.
Le quotidien Libération a sorti ce matin une petite bombe qui a dû faire exploser ses ventes du côté d'Issy-les-Moulineaux, où se trouve le QG de l'AEF. Selon le journal, l'affaire d'espionnage qui a ébranlé l'entreprise et provoqué le départ de sa directrice générale déléguée, Chritine Ockrent, en mai dernier, après des mois de conflit ouvert avec le PDG, Alain de Pouzilhac, et les salariés, serait bien différente de la version officielle.
Retour sur quelques épisodes précédents : automne 2010, une fuite sur la mauvaise gestion financière aboutit dans les colonnes du Canard enchaîné et met le feu aux poudres. Après des mois d'hostilité, le conflit éclate entre Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent, le premier soupçonnant la seconde de lui savonner la planche, et vice versa.
Accusations de piratages
Alors que Christine Ockrent se débat dans une ambiance de plus en plus révolutionnaire dans les rédactions, l'affaire d'espionnage éclate. Une collaboratrice de la journaliste-directrice est accusée par la direction d'avoir piraté des centaines de milliers de fichiers, ayant accès à des informations confidentielles sur l'entreprise et sur ses salariés.
Les enquêtes se multiplient et Alain de Pouzilhac fait même appel à une officine de détectives privés mandatés pour prouver le piratage. Et son rapport... prouve le piratage. Mission accomplie. Quelques mois plus tard, Christine Ockrent s'en va et “l'espionne” présumée est mise à pied et licenciée. S'en suivent des procédures judiciaires et fermez le ban. C'est du moins ce que croit la direction de l'AEF.
Erreur de manipulation
Mais voilà que Libération sort ce matin que les interrogatoires menés par les policiers de la Befti (Brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information), met du plomb dans l'aile de cette thèse. Il ressort des auditions d'un informaticien du service informatique tout à fait officiel de l'AEF que les fichiers trouvés sur l'ordinateur de la collaboratrice visée ont été placés là... par le service informatique tout à fait officiel de l'AEF lui-même. Erreur de manipulation plaide l'informaticien gêné.
Et cerise sur le gâteau, Alain de Pouzilhac et son “staff” étaient au courant depuis décembre dernier, avant départ de Christine Ockrent donc, mais n'en ont pas pipé mot. Du coup, la salariée accuse la direction d'avoir monté un coup et d"avoir voulu atteindre Christine Ockrent à travers elle. Alain de Pouzilhac, lui reste sur ses positions et jure que l'enquête a conclut que le piratage avait bien eu lieu : “il n'y a qu'une vérité, le piratage est avéré”, martèle-t-il. Quant à Christine Ockrent, qui a aussi engagé des poursuites de son côté, elle parle de “laver son honneur” Suite au prochain épisode... judiciaire.
Grégoire Lecalot, avec agences
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