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"Les infiltrés", une caméra cachée qui divise

Dix jours avant sa diffusion, le nouveau magazine d'information de France 2 divise la profession. Les journalistes réalisent en effet les reportages en caméra cachée, et sans révéler leur identité.
Article rédigé par franceinfo
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C'est affiché, revendiqué, écrit noir sur blanc. La dernière née des émissions de France 2, Les infiltrés, présentée par David Pujadas à partir du 22 octobre, veut mener l'enquête “là où notre société dérape”. Et pour éviter les manipulations, présentations avantageuses, rétentions d'informations, langue de bois et autres refus d'accès qui sont les obstacles dressés quotidiennement devant les équipes de reporters, l'émission a pris le parti de ne tourner qu'en caméra cachée. Les journalistes ne se présentent même pas comme tels. Ils travaillent de manière totalement anonyme.

Des méthodes radicales, habituellement utilisés en cas de reportage en situation dangereuse, pendant les guerres, ou pour des enquêtes sur les mafias, par exemple.
_ Cette fois, tous les secteurs de la société française sont susceptibles de se voir “piégés”, si l'équipe rédactionnelle du magazine estime qu'il y a là une dérive que l'on cherche à cacher à l'opinion publique.

Les premiers à en faire les frais sont les maisons de retraite. Pour la première émission, une journaliste s’est fait passer pendant plusieurs semaines pour une aide-soignante stagiaire dans l'une d'elle et pas la “pire des maisons de retraite, mais dans un établissement public classique”, affirme Hervé Chabalier, président de l'agence Capa, en charge de l'émission.
_ Elle en a profité pour filmer la vie quotidienne dans l’établissement, et le résultat donne froid dans le dos.

_ Seule concession, pour des raisons juridiques, les personnes apparaissent floutées, et leurs noms changés.

Cette nouvelle émission ulcère une partie de la presse, dont le journaliste politique Jean-Michel Apathie. Sur son blog, il qualifie le concept d’espionnage. “Dans une démocratie, un journaliste doit avancer à visage découvert (…) et l’informer de cette vérité simple : les propos tenus ont vocation à être porté à la connaissance du public”. Pour lui, le contraire s’apparente “à du viol, à un vol”.

“Si nous étions allés dans cette maison de retraite avec une caméra classique, il y aurait eu une attachée de presse ou le directeur, et on n'aurait pas eu l'exacte réalité”, explique Laurent Richard, rédacteur en chef à Capa.
_ Et Hervé Chabalier se défend de tout goût du spectaculaire. C'est d'ailleurs le principal risque : que cette émission censée dénoncer les dérapages soit victime un jour des siens.

Grégoire Lecalot, avec agences

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