Sa liberté de ton lui a valu son éviction médiatique : l'émission satirique tunisienne "La logique politique" , équivalent des Guignols de l'info français, a été subitement stoppée moins d'un mois après son lancement. Une interruption inexpliquée et critiquée.Soupçon de "pressions" Impossible d'en savoir plus sur l'arrêt de sa diffusion. Les responsables du programme ainsi que Cactus production, producteur de l'émission, font la sourde oreille face aux nombreux appels et accusations du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT)."Les autorités n'ont pas apprécié la forme etle contenu du programme (...) C'est un coup dur pour la libertéd'expression" (M. Khadraoui)Le secrétaire général du syndicat, Mongi Khadraoui, a fait part jeudi de sa conviction :"la programmation des guignols a été arrêtée à la suite de pressionsindirectes des autorités" , a-t-il déclaré.Par ailleurs, les accusations du syndicat de journalistes coïncidentavec les déclarations d'Abdelatif Mekki, ministre tunisien de la Santé,qui affirmait jeudi sur les ondes de la radio Shems FM que certainesémissions "dépassaient les bornes" . "Il faut respecter lessymboles nationaux, leprésident de la République, le président du Parlement, le chef dugouvernement(...) il faut que la critique soit dans le cadre du respect" , a-t-ilajouté.Lutte pour le contrôle des médiasEt le SNJT n'est pas le premier média à dénoncer des pressions gouvernementales. Le pouvoir est fréquemment accusé de vouloir avoir mainmise sur les médias.Récemment, des journalistes des quotidiens Essabah et Le Temps se sont rassemblés le 22 août dernier, pour manifester contre le contrôle de l'État tunisien et les "censures" qu'ils subissent régulièrement. En juillet, l'Inric, l'instance chargée de la réformedes médias, s'était même sabordée en dénonçant le recours par le pouvoir à des"outils de désinformation et de censure" .Ces dernières semaines, plusieurs nominations de nouveaux directeurs de journaux, radios et télévision ont fait scandale et les autorités tunisiennes ont été blâmées pour leur contrôle de la presse. Première victime : Cactus production, producteur de l'émission, qui, depuis la révolution de 2011, se retrouve sous le contrôle de l'État. Ce dernier a repris les parts détenues par les Trabelsi, famillede l'épouse du président déchu Ben Ali.