Le procès de Radovan Karadzic pour génocide ajourné dès son ouverture
Argument avancé par Goran Petronijevic, le conseiller juridique de l'ancien président des Serbes de Bosnie : l'accusation a eu 13 ans pour préparer son dossier alors que Karadzic et ses experts juridiques n'ont eu que 13 mois pour préparer sa défense. "C'est totalement inacceptable et injuste", a-t-il ajouté.
Radovan Karadzic, 64 ans, arrêté l'année dernière à Belgrade et transféré à La Haye après onze ans de fuite, doit répondre devant la justice internationale de 11 chefs d'inculpation de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide durant la guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts entre 1992 et 1995. Il risque la détention à perpétuité notamment en raison de deux chefs d'inculpation pour génocide : pour le siège de Sarajevo, qui a duré 43 mois, et le massacre de 8.000 Musulmans en 1995 à Srebrenica.
La décision de l'ancien président des Serbes de Bosnie plonge les magistrats dans un dilemme quant à la suite à donner aux procédures. "Le forcer à venir au tribunal manu militari, ce ne serait pas très respectueux de droits de la défense", souligne Xavier Tracol, ancien substitut du procureur en appel au TPI, selon lequel "la balle est dans le camp des juges".
Ceux-ci ont plusieurs options, mais aucune n'est vraiment satisfaisante. Ils pourraient désigner un avocat commis d'office qui défendrait Radovan Karadzic resté dans sa cellule. Au risque de retarder la procédure ou de voir Karadicz refuser qu’on lui impose un avocat. Seconde option, les juges peuvent décider de lui accorder un délai supplémentaire en laissant l'accusation prononcer sa déclaration liminaire lundi et mardi, comme prévu, mais en l'absence de l'accusé. Et ajourner ensuite le procès qui reprendrait plus tard avec les premières auditions de témoins. Un écueil : Karadzic pourrait arguer ensuite qu'il a été désavantagé car il n'a pas assisté à la présentation des charges contre lui.
Caroline Caldier avec agences
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