Le Monde absent des kiosques
La grève votée par une très large majorité de salariés va "être très dure", a averti jeudi Maurice Hadida, délégué CGT du Monde. C'est en effet la première fois depuis la création du journal en 1944 que les journalistes devraient poser leur stylo, entraînant la non-parution de l'édition datée de mardi. La rédaction du Monde n'a brandi cette menace qu'à deux autres reprises, en 1951 et en 1984, mais ces deux mouvements avaient finalement été suspendus, selon l'historien de la presse Patrick Eveno.
C'est l'annonce, il y a une semaine, par le directoire de la mise en place d'un plan de redressement plus drastique que ce que les salariés redoutaient qui a mis le feu aux poudres. Confronté à une situation déficitaire et à un lourd endettement, le directoire a présenté une série de mesures visant à restaurer l'équilibre du quotidien et de ses suppléments à échéance 2010, grâce à "une économie structurelle minimum de 15 millions d'euros sur deux ans".
Le plan prévoit la suppression de 130 emplois à la Société éditrice du Monde (SEM), dont 85 à 90 journalistes, soit le quart de la rédaction. Pour la première fois dans l'histoire du titre, la direction a annoncé que ces suppressions de postes ne se feraient pas seulement par des départs volontaires, mais aussi contraints.
Le plan prévoit également la cession d'entités "déficitaires ou non-stratégiques", totalisant 170 emplois : Fleurus Presse (presse jeunesse), les Editions de l'Etoile (société éditrice des Cahiers du Cinéma), le mensuel Danser et le réseau de librairies spécialisées en littérature religieuse La Procure. Il sera mené de façon la plus "efficace" et "équitable" possible, a assuré le président du directoire du Monde, Eric Fottorino, qui a déclaré "regretter" le mouvement de grève.
Caroline Caldier avec agences
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