"La liberté de la presse est morte" : en Slovaquie, les médias publics dans la tourmente après la tentative d'assassinat du Premier ministre

Le principal suspect de la tentative d'assassinat du Premier ministre slovaque a publié une vidéo dénonçant le projet du gouvernement de prendre le contrôle de la télévision et de la radio publiques.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un panneau d'affichage électoral en Slovaquie affiche le visage de Robert Fico le dirigeant du Smer-SD. Les élections parlementaires se dérouleront le 30 septembre 2023. (TOMAS TKACIK / MAXPPP)

Après la tentative d'assassinat contre le Premier ministre slovaque Robert Fico, le gouvernement accuse les médias d'avoir contribué à la radicalisation de l'auteur présumé. Dans une vidéo publiée après son interpellation, il dénonce la loi que le gouvernement slovaque souhaite adopter dans les semaines qui viennent, visant à prendre le contrôle sur la télévision et la radio publiques.

Dans les studios de la radio publique, les mines sont graves et le constat implacable. Kristína Chrenková est présentatrice : "C'est vraiment une terrible nouvelle pour toute la Slovaquie et bien sûr pour nous, les journalistes. Je pense que la situation va empirer. On l'a déjà vu dans la réaction de certains hommes politiques qui nous ont présentés comme des porcs atroces." Malgré l'appel au calme du gouvernement, en effet, certains membres de la coalition se lâchent sur les réseaux sociaux, notamment depuis la publication de cette vidéo du principal suspect de la tentative d'assassinat du Premier ministre.

"Une cible sur notre front"

Sonia Weissowa, est la cheffe des informations internationales à la radio RTVS publique : "En effet, dans cette vidéo, le suspect parle de nous. En faisant ça, il met en quelque sorte une cible sur notre front. Depuis, certains hommes politiques n'arrêtent pas de nous accuser d'être responsables de ce qu'il s'est passé. Mais la vérité, et c'est pour ça que c'est arrivé, c'est le niveau de haine mise en place par les politiciens sur les réseaux sociaux qui est totalement hors de contrôle".

Désormais, pour les présentateurs, chaque mot compte, chaque question est susceptible de déranger le pouvoir. Une situation qui fait dire à cette journaliste que "maintenant, après cette attaque, mon sentiment personnel c'est que la liberté de la presse est morte ce mardi 15 mai. Nous avons peur désormais. J'ai plein de collègues qui viennent me voir et qui me disent qu'ils ne se sentent plus en sécurité et ça, c'est à cause des attaques incessantes contre nous." Pour l'instant, les sessions parlementaires sont suspendues. Les salariés de la radio publique ne savent pas quand la loi qui permettra leur reprise en main sera votée.

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