L'officier français qui a invectivé un photographe de presse togolais est "rappelé immédiatement" à Paris et sanctionné
"Une sanction disciplinaire de dix jours d'arrêts a été notifiée hier au lieutenant-colonel Romuald Letondot, pour atteinte au renom de l'armée française", a déclaré vendredi la porte-parole adjointe du ministère des Affaires étrangères, Christine Fages.
Il "est en outre rappelé immédiatement à Paris", a-t-elle ajouté.
Le Quai d'Orsay et le ministère de la Défense avaient condamné jeudi l'attitude du lieutenant-colonel Létondot ayant menacé mardi le journaliste togolais Didier Ledoux qui l'avait pris en photo lors d'une manifestation d'opposants à Lomé.
L'officier français s'est excusé mercredi auprès du journaliste dans les locaux de l'ambassade de France. Ces excuses faisaient suite à la diffusion d'une vidéo postée sur Facebook par le reporter d'images Noël Tadegnon, et reprise sur la plupart des sites internet des médias français.
La vidéo montre le coopérant militaire français Romuald Létondot (qui nous a livré sa version des faits, voir ci-dessous), menaçant le journaliste togolais Didier Ledoux pour l'avoir pris en photo à côté de forces de l'ordre togolaises, lors d'une manifestation dans la capitale.
"Je m'en fous que tu sois de la presse" dit le lieutenant-colonel, furieux d'avoir été photographié. "Tu enlèves ta photo sinon c'est moi qui le prends" (l'appareil)..., ajoute ce coopérant mis à disposition du quai d'Orsay par le ministère de la Défense.
Et de poursuivre : "Tu veux qu'on te donne un coup sur l'appareil ou quoi ? ... Moi on ne me prend pas en photo comme ça." "Je fais mon travail", réplique le journaliste, qui porte un gilet où figure le mot "presse". "Tu sais qui je suis ? Je suis le conseiller du chef d'état-major de l'armée de terre... Est-ce que tu veux que j'appelle le RCGP (Régiment des Commandos de la Garde Présidentielle). pour foutre de l'ordre là-dedans ?" demande encore le Français. Et de lancer à l'une des personnes à proximité : "Tu le mets en taule si...".
"Cette photo pouvait être mal interprétée", selon l'officier français
Romuald Létondot, que nous avons joint par téléphone mercredi à Lomé, nous a donné sa version : "J'ai été victime d'un jet de pierre d'opposant, parce que j'étais dans ma voiture de fonction. Je montrais les faits (la voiture abîmée) à un gendarme togolais quand je me suis rendu compte que j'étais pris en photo, et que cette photo pouvait être mal interprétée, ce qui a été le cas. Je me suis emporté, le but était d'empêcher une photo volée. J'ai effectivement présenté mes excuses à Didier Ledoux. Ce qui est dommage, c'est que je termine mon séjour ici, au Togo, dans quinze jours, de cette façon-là."
Son rôle au Togo, comme coopérant militaire français ? "Audit, conseil, pédagogie, formation d'officiers et sous-officiers de l'armée togolaise."
Le succès d'une vidéo de journaliste diffusée via Facebook
La vidéo a été filmée par un journaliste togolais, Noël Tadegnon, qui l'a mise en ligne sur son compte Facebook. "Je me suis dit, je vais tenter le coup", nous-a-t-il dit. "Je ne vais pas la proposer à Reuters, pour qui je travaille souvent, je vais la balancer directement sur Facebook. Elle a eu bien plus de succès que si elle était passée sur l'agence de presse ! Un de mes amis l'a mise ensuite en ligne sur YouTube". La vidéo avait été visionnée jeudi matin par 140.000 internautes. Contacté par de nombreux médias dès mercredi, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense ont fait des communiqués pour condamner l'attitude du militaire, mais n'ont pas annoncé de sanctions.
Voir aussi :
-> La vidéo sur YouTube (signée LeTogoVi): Un coopérant militaire français menace un journaliste togolais
-> Sur le site du quotidien Liberté : "Un officier français menace un journaliste de "Liberté"
-> Deux congrès qui divisent l'UFC, sur le site de Jeune Afrique
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