L'Afghanistan au menu du sommet de l'OTAN
Ce sommet, co-organisé par la France et l'Allemagne, marquera aussi et surtout le retour de Paris dans les instances de commandement intégré de l'Alliance, annoncé par Nicolas Sarkozy aux Alliés dans un courrier jeudi dernier, 43 ans après le retrait décidé par le général De Gaulle.
En préambule à cette réunion anniversaire, l'OTAN a procédé mercredi à son cinquième élargissement, le troisième depuis 1990 et la fin de la Guerre froide, en acceptant dans ses rangs deux pays des Balkans, l'Albanie et la Croatie. Les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 pays membres de l'organisation transatlantique se sont donnés rendez-vous pour un dîner vendredi soir à Baden-Baden. Après une courte cérémonie sur le pont de l'Europe reliant Kehl en Allemagne à Strasbourg sur la rive française, les principales discussions se tiendront demain matin au Palais de la musique de la capitale alsacienne.
Le sommet sera placé sous très forte protection policière des deux côtés du Rhin. L'Allemagne et la France ont mobilisé quelque 30.000 policiers et gendarmes pour l'occasion et une bonne partie de la ville de Strasbourg sera paralysée, ce qui ne devrait pas empêcher plusieurs dizaines de milliers de manifestants de défiler.
Pour la France, ce sommet devrait être celui de l'apaisement au sein de l'Alliance, après les divisions provoquées par l'intervention américaine en Irak en 2003. Paris, qui entend peser sur le concept stratégique, défendra aussi l'idée d'une implication plus importante de l'Europe, censée aller de pair avec un renforcement de la défense européenne dans le cadre de l'Union européenne.
Pour les Etats-Unis, le sommet sera l'occasion d'exposer les inflexions de la diplomatie américaine, que Barack Obama présente comme plus collective que par le passé. Justement : l'essentiel des discussions sera tourné vers la situation en Afghanistan, plus de sept ans après l'invasion alliée dans la foulée des attentats du 11 septembre. Si chacun approuve la nécessité d'une "afghanisation" (un transfert aux forces afghanes de la responsabilité de la sécurité) et la perspective de discussions avec les taliban modérés qui accepteraient de déposer les armes, les Américains demandent à l'Europe un renforcement du nombre de soldats sur le terrain, ce à quoi le Vieux continent ne semble pas prêt. Plusieurs pays ont plutôt proposé d'envoyer des gendarmes pour assister les Afghans dans l'organisation de leurs propres forces de l'ordre.
Mais l'Afghanistan ne sera pas le seul sujet discuté. Les chefs d'Etat examineront aussi les nouvelles orientations stratégiques de l'Alliance militaire, dont la rénovation est engagée pour faire face à l'évolution rapide des menaces constatée ces dernières années, entre l'émergence du terrorisme international, des attaques contre les réseaux informatiques ou des menaces sur les approvisionnement en énergie. Enfin, les 28 devront trouver un consensus pour choisir un successeur à l'actuel secrétaire général de l'organisation, le mandat de Jaap de Hoop Scheffer arrivant à son terme.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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