Grande-Bretagne : de l'ecstasy en direct à la télévision
Le programme s'appelle "Drugs Life : The
Ecstasy Trial" (la bande annonce est visible sur le site internet de
la
chaîne Channel Four, ici). Le premier épisode de 60 minutes est diffusé
ce
soir, à partir de 22h. Un deuxième épisode suivra en octobre.
Le
principe est
simple : faire prendre de l'ecstasy à six volontaires afin
d'expérimenter
et d'expliquer les effets de cette amphétamine sur le cerveau humain.
Expérience scientifique...
L'émission sera menée par un médecin, Christian Jessen,
supervisée par un psychiatre, David Nutt, ancien conseiller drogue du
gouvernement britannique et se déroule dans les laboratoires médicaux de
l'Imperial College à Londres.
Les cobayes ont ingéré une dose de
83
milligrammes de MDMA et un placebo. Ils subissent ensuite un
IRM du cerveau et passent une batterie de tests pour évaluer les effets
de la
drogue sur la mémoire, les capacités intellectuelles et cognitives.
Des
études
scientifiques affirment que la MDMA pourrait avoir un effet
thérapeutique
bénéfique pour les victimes de violences. Le cas le plus connu est celui
de Donna Kilgore, jeune femme
violée en 1993. En 2002, elle commence un traitement à la MDMA et les
résultats sont spectaculaires, comme le rapporte The
Guardian. Le même journal
rappelait une étude qui montre que l'ecstasy ne cause pas de
dommage sur le
cerveau, publiée dans la revue scientifique Addiction en février 2011.
...ou émission trash de télé-réalité ?
Derrière cette portée scientifique, beaucoup de voix s'élèvent
pour dénoncer le programme et le qualifier de "télé-poubelle". Tous les
ingrédients de la télé-réalité sont bien là : scénario alléchant, site web
dédié avec sondage, test, lien sur Twitter, etc...
Et puis il y a le casting. Alléchant, lui aussi. Parmi les
six volontaires, quelques personnalités vont participer au programme :
Evan
Harris, ancien député britannique de centre droit, Lionel Shriver,
journaliste
et écrivain, issue d'une famille très religieuse ou l'acteur Keith
Allen, père
de la chanteuse britannique à succès Lily Allen.
Polémique donc, relayée notamment par Julia Manning dans le
Daily Mail. Elle explique que le programme "célèbre"
les substances
illégales et que la "recherche de publicité atteint son pire niveau" .
Cet affrontement entre deux perceptions du programme
fait parler en Angleterre.
En Grande Bretagne, la consommation d'ecstasy atteint des
sommets. Cette drogue serait responsable de 200 décès par an, selon
l'organisme
britannique Drugscope.
En France, le nombre de personnes entre 12 et 64 ans qui ont
consommé de l'ecstasy au moins une fois au cours de leur vie était
estimé à 800.000 personnes en
2005, et celui des usagers à 200.000 affirme l'Observatoire français des
drogues et toxicomanies, reprenant les chiffres du Baromètre Santé 2005.
Au Pays-Bas, pays
spécialiste de la télé-réalité trash, une émission fait un carton sur
BNN : "Spuiten en Slikken" (littéralement "Se piquer et
avaler" ). Toutes sortes de drogues et
de pratiques sexuelles y sont essayées. L'ecstasy fait évidemment
partie des drogues passées en revue.
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