FMI : Christine Lagarde tient la corde
Bien-sûr, les plus sages rappelleront les proverbes sur les précautions à prendre dans le négoce des peaux d'ours. Mais une défaite de Christine Lagarde dans la course à la présidence du Fond monétaire international (FMI) apparaîtrait comme une surprise au monde entier.
La forte chance s'est transformée en quasi-certitude quand les Etats-Unis, sortant de la réserve qu'ils avaient gardé jusqu'ici, se sont déclarés en faveur de la ministre de l'Economie française : “le talent exceptionnel et la vaste expérience de Mme Lagarde apporteront une direction incomparable à cette institution, indispensable à un moment critique pour l'économie mondiale”, a roucoulé le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Timothy Geithner.
12 administrateurs sur 24
Ce nouveau soutien porte à 12 sur 24 le nombre d'administrateurs ouvertement en faveur de la ministre française : les sept Européens, un Egyptien, un Togolais, la Chine, qui s'est déclarée hier, et la Russie.
Le Mexicain Augustin Carstens, concurrent de la Française, bénéficie de quatre soutiens déclarés : le Mexique, l'Argentine, l'Australie et le Canada.
Le Brésil ne s'est pas encore déclaré. La rumeur reste imprécise, le donnant un coup pour Christine Lagarde, un coup pour Augustin Carstens. Chacun attend également le choix du Japon, pays qui a le plus de droits de vote après les Etats-Unis.
Les administrateurs ont l'habitude de se déclarer à l'unanimité, mais si ils n'y parviennent pas, un vote aurait lieu. Les choses pourraient se décanter plus vite que prévu. Les administrateurs du FMI se sont donné jusqu'à jeudi pour décider, mais la fumée blanche pourrait s'élever au dessus du Fond dès ce mardi.
ONG mécontentes
Anticipant l'arrivée de Christine Lagarde, une trentaine d'ONG ont déploré le processus de nomination, que le FMI avait promis transparent. Malgré la campagne mondiale des deux candidats, elles estiment que les dés sont pipés, et qu'une fois de plus, le choix se déroule entre “gens de bonne compagnie”, sans tenir compte de l'aspiration au changement des pays émergents. Elles regrettent que la candidature de Christine Lagarde ait été préparée de longue date, dès qu'il est apparu que Dominique Strauss-Kahn serait candidat à la présidentielle française. Elle n'a été qu'accélérée par l'affaire DSK, disent les ONG.
_ Mais en privé, un collaborateur estime que si Christine Lagarde a les faveurs des administrateurs, c'est parce qu'elle représente “une continuité dans la coopération entre le Fonds et la zone euro”, au cœur des préoccupations internationales aujourd'hui.
Grégoire Lecalot, avec agences
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