Dominique Strauss-Kahn blanchi par le FMI
L’affaire DSK est close. C’est du moins ce qu’a décidé le conseil d’administration du FMI, réunit la nuit dernière. Aucune sanction n’est prononcée à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn. Dans un communiqué, le conseil s’est contenté d’une mise en garde, parlant d’un "incident regrettable et qui traduit une grave erreur de jugement de la part du directeur général".
L'enquête, menée par un cabinet d'avocats indépendant, établit notamment que DSK, 59 ans, et Piroska Nagy, une ancienne haute responsable d'origine hongroise du département Afrique du FMI, mariée également, ont tous deux "consenti et se sont activement engagés" dans leur liaison. La jeune femme a quitté le FMI l'été dernier pour prendre un poste à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L'enquête a établi qu'elle n'avait bénéficié d'aucun traitement de faveur, alors qu'elle participait au programme de départs volontaires mis en place par le Fonds, qui a touché quelque 600 personnes.
De quoi conclure, comme l'a fait le conseil d'administration du FMI, qu'"il n'y a pas eu de harcèlement, ni de favoritisme ni aucun autre abus de pouvoir (commis) par le directeur général". Le président du conseil d'administration, Shakour Shaalan, a précisé que la décision a été rendue à l'unanimité des 24 membres.
Le conseil voulait résoudre au plus vite cette affaire à un moment où la crise financière mondiale continue de se propager et que le FMI apparaît comme l’un des acteurs majeurs de régulation du système financier international.
Excuses acceptées, confiance renouvelée
Le doyen du conseil a précisé que l'organe dirigeant était parvenu à la conclusion que cette affaire "n'affecte en rien l'efficacité du directeur général pour affronter les difficiles défis qui se profilent". "Il s'agit d'un incident malheureux pour lequel il a exprimé ses regrets et le conseil a accepté ses excuses", a dit Shakour Shaalan.
Shaalan a cependant reconnu que le personnel féminin du FMI éprouvait des inquiétudes concernant le comportement de Strauss-Kahn. "Je lui ai personnellement parlé après la réunion et je l'ai informé que cela ne pourrait plus se reproduire", a ajouté Shaalan. Il a également précisé que Strauss-Kahn n'avait jamais fait part de son intention de démissionner. Mais il a affirmé "regretter profondément cet incident" et a admis en "endosser toute la responsabilité." Lundi, dans un courriel, Dominique Strauss-Kahn avait déjà présenté publiquement ses excuses au personnel du FMI pour avoir commis "une erreur de jugement".
Ancien ministre français des Finances, DSK est considéré comme l'une des plus éminentes figures politiques européennes en matière d'économie. Il a été nommé en septembre 2007 à la tête du FMI pour le réformer en profondeur.
Nombreuses réactions à gauche, comme à droite
Le premier à réagir, François Hollande a estimé que la décision du conseil d’administration du FMI vient "clore un incident" et donne "à Dominique Strauss-Kahn, les moyens d'agir pour la réforme du système monétaire international".
Sur France Info ce matin, Pierre Moscovici, député socialiste du Doubs a salué une "bonne nouvelle pour le système financier international", car, dit-il, DSK est "l'homme de la situation" pour lutter contre la crise. Et puis selon lui, cette liaison constitue une "affaire mineure" qui relève de la vie privée.
Quant à Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris et
proche de DSK, il parle d’une "bonne nouvelle pour ses amis de gauche, une bonne nouvelle pour la France, qui a quand même fait bloc face à ce qui
était une cabale politique visant à déstabiliser Dominique
Strauss-Kahn, et une bonne nouvelle pour le Fonds monétaire
international, qui joue un rôle considérable dans la crise
financière que nous traversons".
A droite, le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a
salué sur France Info "une excellente nouvelle pour tout le
monde".
Edwige Coupez, avec agences
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