Copenhague : une déclaration politique pour masquer l'échec ?
Super Barack va-t-il sauver le monde ? Boutade mise à part, la venue aujourd'hui du président américain Barack Obama au sommet de Copenhague est le dernier - et mince - espoir d'aboutir à un accord un peu plus conséquent qu'une jolie prière pour le climat.
Car le coup de gueule de Nicolas Sarkozy hier (lire notre article) semble bien tardif pour que les négociateurs accouchent finalement d'un document contraignant sur la réduction des émissions de gaz à effets de serre et sur le financement des efforts à faire dans les différentes parties du monde. Le président français, malgré sa volonté d'apparaître comme le porte-parole d'un groupe à géométrie variable Brésil-pays africains-une partie de l'Europe, ne “pèse” pas assez lourd. Si les Etats-Unis, deuxième pollueur de la planète, annonçaient des objectifs ambitieux, la Chine, premier pollueur, pourrait peut-être accepter les objectifs. Mais on est loin d'un tel scénario. Les USA sont toujours sur un objectif de 4% de réduction par rapport à 1990 et les timides propositions de la Chine en matière de transparence sont dérisoires.
_ Selon les experts du GIEC, il faudrait au minimum un accord sur une réduction de 25% des gaz à effet de serre pour les pays industrialisés par rapport au niveau de 1990 pour être sûr de ne pas dépasser les 2 degrés de réchauffement en 2100 (écouter l'interview de Jean Jouzel). Or, les négociateurs s'écharpent déjà autour de l'objectif de 20%.
Ce matin, négociateurs et chefs d'Etat discutent plutôt d'un paravent pour masquer pudiquement la nudité du sommet de Copenhague. L'accord se contenterait d'objectifs politiques avec un report des objectifs contraignants pour la prochaine réunion de l'ONU à
Mexico fin 2010. De rendez-vous de la dernière chance, Copenhague passerait au statut de première étape, et encore, à condition que les étapes suivantes permettent d'avancer.
Ce midi, Nicolas Sarkozy a laissé entendre que les discussions avançaient un peu, mais qu'il y avait toujours “beaucoup de tensions”. Selon lui, l'un des principaux points de blocage demeure le refus chinois de mécanismes de contrôle qui à leurs yeux porterait atteinte à leur souveraineté.
Un texte peaufiné ce matin sera donc présenté aux 130 chefs d'Etat cet après-midi. Ce “chapeau politique”, dans le jargon des diplomates, pourrait servir d'introduction aux deux textes d'accord proprement dit. Mais si chacun campe sur ses positions, cette introduction sera le morceau le plus conséquent du sommet de Copenhague.
Grégoire Lecalot, avec agences
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