Les inégalités se sont davantage creusées en France qu'ailleurs dans le monde
C'est ce qu'indique un rapport de l'OCDE sur les conséquences sociales de la crise économique de 2007 à 2011, publié jeudi.
En France, la crise a rendu les riches plus riches, et les pauvres plus pauvres. C'est ce qu'indique un rapport publié jeudi 21 mai par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a étudié son impact social sur la période 2007-2011 dans ses 34 pays membres.
L'étude démontre que les inégalités entre riches et pauvres ont atteint des niveaux record dans la plupart des pays de l'OCDE, et restent plus élevées encore dans beaucoup d'économies émergentes. En moyenne, les 10% les plus riches de la population ont ainsi un revenu 9,6 fois supérieur à celui des 10% les plus pauvres, alors que la proportion était de 7,1 fois dans les années 1980 et 9,1 fois dans les années 2000.
"Une rupture importante" par rapport au passé
Si en France, les inégalités se situent dans la moyenne des autres pays membres, elles se sont accrues plus rapidement qu'ailleurs. Le coefficient de Gini, qui mesure les écarts de patrimoine et de revenus entre les individus (0 représentant une égalité parfaite, et 1 un cas d'inégalité extrême), est en effet passé de 0,293 à 0,309 entre 2007 et 2011 dans notre pays. Soit la troisième hausse la plus importante parmi les membres de l'OCDE.
"Il s’agit d’une rupture importante par rapport à la tendance de long terme, puisque depuis les années 1980, les inégalités étaient relativement stables en France, alors qu’elles étaient en augmentation dans la majorité des pays de l’OCDE, dont l’Allemagne et les États-Unis", écrit le rapport (document PDF). Le texte note toutefois que ces inégalités sont atténuées par la redistribution : elles ne se sont en effet creusées "que" de 1,6% sur la période 2007-2011, alors que la hausse aurait pu atteindre 2,9% sans les impôts et les prestations sociales.
"Nous avons atteint un point critique"
L'organisation explique cette augmentation des inégalités par la multiplication, durant la crise, des "emplois non-standards", qui regroupent les contrats temporaires ou à temps partiel. En France, cette situation concernait, en 2013, un employé sur trois. Une proportion qui se situe dans la moyenne, mais qui reste d'autant plus inquiétante que ces contrats débouchent moins qu'ailleurs sur des emplois stables.
"Nous avons atteint un point critique. Les inégalités dans les pays de l'OCDE n'ont jamais été aussi élevées depuis que nous les mesurons", a déclaré le secrétaire général de l'organisation en présentant le rapport, à Paris, au côté de Marianne Thyssen, Commissaire européenne à l'emploi. "En ne s'attaquant pas au problème des inégalités, les gouvernements affaiblissent le tissu social dans leur pays et compromettent leur croissance économique à long terme."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.