Les hôtels toilettent le système des étoiles
Le Ritz, le Carlton, le Crillon, le Negresco... Autant de noms mythiques qui brillent au dessus de l'hôtellerie française. Qui brillent sur une réalité où les étoilent ont quelque peu pâli. C'est ce qu'ont estimé les concepteurs du nouveau classement des hôtels français. Il a été gravé hier dans le marbre du Journal Officiel, mais il faudra quelques années pour qu'il devienne réalité. Le classement actuel date de 1986.
Principale innovation de ce nouveau classement, la création officielle de la catégorie cinq étoiles, qui permet de se mettre au diapason de la concurrence internationale. Une soixantaine d'établissements, dont certains de ceux cités plus haut, en ont bénéficié avant même la publication des nouveaux critères. A l'opposé, la catégorie zéro étoile fusionne avec la catégorie une étoile.
Ce classement devra être révisé tous les cinq ans. Les enquêtes, jusqu'ici peu nombreuses et effectuées par la “répression des fraudes” (la DGCCRF), seront désormais menées par des cabinets d'audit privés. Et contrairement à la pratique actuelle, elles seront payantes pour les établissements qui en font la demande. Le classement demeure en effet facultatif.
Le nombre de critères à satisfaire est aussi durci. Il passe d'une trentaine à 141 à 298 points, selon le classement demandé. Au moins 95% doivent être remplis. A celà s'ajoutent les mises aux normes d'accessibilité (2015) et d'incendies (2011). Le coût total des travaux à effectuer pour les 18.000 établissements concernés (600.000 chambres), pourrait se situer entre huit et dix milliards d'euros.
_ Au moins un quart de ces établissements sont jugés vieillissants. Certains n'ont pas été rénovés, ni contrôlés, depuis 1986.
Le but de cette opération est donc d'une part d'aligner la France, l'un des champions mondiaux du tourisme, sur les standards internationaux, et de permettre aux clients de bénéficier d'une meilleure lisibilité. “Les consommateurs sauront que même une étoile garantit l'hygiène, la
salubrité et le bon état des équipements”, se réjouit Michèle Le Poutre, du syndicat hôtelier Synhorcat, qui a participé aux négociations. “Le référentiel était dépassé”, reconnaît Christine Pujol, hôtelière et présidente en titre de l'Umih, principal syndicat du secteur.
Mais la réforme est critiquée. “Les consommateurs n'ont pas été interrogés sur ce nouveau classement”, regrette Mark Watkins, président du Comité pour la modernisation de l'hôtellerie française. “Les sanitaires ne sont pas obligatoires dans les chambres avant la troisième étoile”, dénonce-t-il, entre autres exemples.
Selon lui, ce classement favorise les groupes hôteliers au détriment des indépendants. Entre 3.000 et 4.000 hôtels pourraient disparaître dans les trois prochaines années, du fait du coût des travaux.
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