Les Européens ont crié victoire mercredi dans la guerre qui oppose Airbus à Boeing, l'OMC tranchant en faveur de l'UE

L'OMC (Organisation mondiale du commerce) a tranché en faveur de l'UE pour juger illégales des années d'aides versées par Washington au géant de l'aviation américain.

Le verdict préliminaire rendu par un panel du gendarme du commerce mondial reste confidentiel à ce stade. La version finale ne sera publiée que dans plusieurs mois.

"L'analyse effectuée (par l'OMC semble très complète et les conclusions appuient les vues de l'UE dans le différend" entre les deux compagnies, a declaré dans un communiqué le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, qui représente l'Union européenne sur ce dossier.

"Une évaluation plus détaillée est nécessaire, mais je crois encore plus fermement qu'auparavant que la question des subventions aux constructeurs d'avions ne peut être réglé que par la voie de négociations" entre les Européens et les Américains, a-t-il ajouté.

"Boeing bénéficie de milliards de dollars de subventions gouvernementales qui sont jugées illégales par l'OMC ", a affirmé le directeur de la communication d'Airbus Rainer Ohler.

"La synthèse des conclusions tirées par le panel condamne les subventions massives reçues par Boeing qui violent les règles de l'OMC et donnent raison pour tout l'essentiel à la plainte de l'Union européenne", a indiqué de son côté le gouvernement français.

Ce verdict était très attendu après le premier jugement rendu le 30 juin par l'OMC qui a condamné certaines aides européennes à Airbus. En 2004, deux plaintes de la Commission européenne et de Washington s'accusaient mutuellement de subventionner illégalement leurs avionneurs.

Les subventions à Boeing
L'OMC était appelée à statuer sur une vingtaine de programmes d'aides à Boeing.

Au-delà de la série d'exonérations fiscales et sociales dont Boeing a pu bénéficier, la question clé du jugement concerne les modalités des aides versées par la Nasa et le Pentagone à l'avionneur américain, des programmes de recherches et développement.

Pour l'UE, il ne fait pas de doute que ces aides, estimées à quelque 24 milliards de dollars, constituent des subventions américaines déguisées derrière des contrats spatiaux et d'armement.

A présent "ce rapport met les pendules à l'heure", a insisté Paris, estimant que les subventions européennes en faveur d'Airbus dénoncées par l'OMC étaient d'une "ampleur très inférieure à ce qu'a reçu Boeing".

Les experts s'attendent à un jugement moins tranché, permettant plusieurs lectures.

Désormais, les deux parties apparemment renvoyées dos-à-dos, n'ont plus, selon les experts, d'autre issue que de renégocier une trêve. Ce qu'ont souhaité d'une seule voix mercredi Airbus et l'UE.

Washington conteste l'appréciation
Les Etats-Unis ont contesté mercredi la façon dont les médias ont rapporté l'analyse de l'Organisation mondiale du commerce.

"Il semble y avoir un certain nombre d'inexactitudes importantes qui se répandent dans les informations de presse" au sujet du rapport publié par l'OMC, a indiqué à l'AFP Nefeterius McPherson, une porte-parole du représentant américain au Commerce extérieur.

Ce rapport publié mardi est confidentiel, a rappelé Mme McPherson, et les Etats-Unis ne veulent pas le commenter. "Je ne peux pas parler de son contenu", a-t-elle indiqué.