Les Etats-Unis ont exhorté vendredi les Européens à mettre un terme à leurs divisions sur la gestion de la crise
Convié exceptionnellement à une réunion des ministres européens des Finances à Wroclaw (Pologne), le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, s'est dit préoccupé par les divisions entre les gouvernements et la Banque centrale européenne (BCE).
Sa présence témoigne de l'inquiétude croissante de son pays face à la tournure prise par la crise de la dette et ses éventuelles répercussions sur l'économie mondiale. Elle a cependant fait grincer les dents de certains responsables européens...
Dans le même temps, la rencontre a révélé de fortes divergences de vues sur la gestion de la crise des dettes souveraines.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, tout comme son homologue belge, Didier Reynders, n'ont pas hésité à rappeler les Etats-Unis, qui ploient sous une énorme dette publique, à leurs propres devoirs en matière budgétaire.
Timothy Geithner a démenti avoir plaidé en faveur d'un fonds de secours européen renforcé pour faire face à la crise de la dette, selon un communiqué publié par son ministère à Washington. Le Fonds est actuellement pourvu de 440 milliards d'euros. Mais cette somme pourrait s'avérer trop faible lorsque les nouveaux pouvoirs dont dispose le Fonds de recapitaliser les banques et racheter de la dette souveraine entreront en vigueur cet automne.
De son côté, Tim Geithner a exclu une taxe sur les transactions financières, demandée par les poids lourds de la monnaie unique que sont l'Allemagne et la France.
Echange peu aimable...
Un échange à ce propos entre Timothy Geithner et son homologue Wolfgang Schäuble a été rapporté à quelques journalistes par la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter. L'Américain "a insisté sur le fait que plus de fonds étaient nécessaires afin d'éviter que le système (financier) se trouve en difficulté. (Wolfgang) Schäuble lui a répondu qu'il était très improbable qu'il soit possible de faire peser ce fardeau sur les contribuables, en particulier si ce fardeau est imposé principalement aux pays AAA", a-t-elle expliqué.
"Dans ces pays, il y a un désir de mettre en oeuvre une taxe sur les transactions financières (...) Il (Geithner) l'a exclu", a-t-elle ajouté. "Je trouve bizarre qu'alors même que les Américains ont des fondamentaux bien plus mauvais que ceux de la zone euro, ils nous disent ce qu'on doit faire et que lorsque nous leur faisons une suggestion, ils disent non immédiatement (...). J'aurais espéré que lorsqu'ils nous disent comment ils voient le monde ils écoutent ce que nous avons à leur dire", a encore déclaré Maria Fekter.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion de l'Eurogroupe, son président, Jean-Claude Juncker, a lui aussi apporté une fin de non recevoir aux demandes américaines de mettre un frein à l'austérité. "Nous ne voyons au sein de la zone euro aucune marge de manoeuvre qui nous permette de mettre en oeuvre un nouveau plan de relance", a-t-il déclaré.
Un débat est à l'oeuvre au sein de la zone euro, et entre Européens et Américains, sur la nécessité ou non de mettre un frein à la politique d'austérité, alors que la reprise économique est en phase de décélération brutale. Selon plusieurs sources, la visite éclair de Timothy Geithner en Europe était destinée à défendre le principe de la relance et s'assurer que la zone euro disposait de la volonté et des outils nécessaires pour gérer la crise.
Baroin appelle à renforcer le Fonds de secours
Le ministre français des Finances, François Baroin, a appelé vendredi les Parlements des Etats de la zone euro qui ne l'ont pas encore fait à voter rapidement l'élargissement des compétences du Fonds de secours et le second plan d'aide à la Grèce.
"La position de la zone euro c'est tout l'accord du 21 juillet, rien que l'accord du 21 juillet", a affirmé M. Baroin à la presse à l'issue d'une réunion des ministres européens des Finances à Wroclaw (Pologne).
Il s'agit de "rassurer les investisseurs et de stabiliser la zone" euro, a-t-il plaidé, "notamment sur l'évolution du Fonds européen dans sa flexibilité, dans sa capacité d'intervenir sur les marchés secondaires, d'intervenir par anticipation et par précaution".
Autre difficulté à résoudre pour les Européens la position de la Finlande qui avait négocié un accord spécial avec la Grèce pour sécuriser une partie de sa dette. Un mécanisme à l'étude pourait prévoir qu'Helsinki renonce à une partie de ses bénéfices sur les prêts octroyés à la Grèce via le FESF, selon une source gouvernementale européenne.
D'autre part, M.Baroin a annoncé que la participation des banques françaises au second plan de sauvetage de la Grèce, où le secteur privé doit apporter au total environ 50 milliards d'euros d'ici à 2014, atteint désormais "plus de 90% de l'accord".
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