Leboncoin s'inquiète du projet de loi contre la fraude fiscale, le gouvernement veut "taxer les particuliers"
Le gouvernement assure que ce n'est pas le but, l'objectif est de faire la chasse aux professionnels qui vendent sur le site pour échapper aux impôts et aux taxes.
Le projet de loi contre la fraude fiscale, qui arrive ce lundi à l'Assemblée nationale, "risque d'attaquer le pouvoir d'achat des Français" juge sur franceinfo ce lundi Antoine Jouteau, le directeur général du site Leboncoin. Ce projet de loi prévoit notamment l’obligation pour les plateformes de transmettre au fisc les revenus de leurs utilisateurs qui gagnent plus de 1 000 euros par an grâce au site.
"Une usine à gaz fiscale"
Le gouvernement veut "encadrer et taxer les particuliers" accuse Antoine Jouteau. "Mille euros, cela va très vite : si vous vendez un vélo et un appareil photo, vous allez rapidement dépasser 1 000 euros" constate le patron du cinquième site le plus visité de France. Le gouvernement assure que ce n'est pas le but, l'objectif est de faire la chasse aux professionnels qui vendent sur le site pour échapper aux impôts et aux taxes. "Une usine à gaz fiscale" pour le patron du site Leboncoin.
"Je suis inquiet à plusieurs titres : d'abord on parle de lutte contre la fraude pour réguler une économie collaborative qui est saine, vertueuse et transparente, assure Antoine Jouteau, je n'aime pas trop le terme de 'lutte contre la fraude'". "Deuxièmement, le fondement de ce projet est de taxer les revenus des particuliers", or selon lui, il ne s'agit pas de revenus, "l'achat d'occasion, c'est plutôt une moins-value" par rapport au prix de l'objet neuf que vous avez acheté.
Ne pas taxer les vendeurs
Le gouvernement promet de ne pas taxer les vendeurs, mais plutôt de faire la chasse aux professionnels qui passent des annonces sur le site : "Je ne le crois pas, conteste Antoine Jouteau, on ne fait pas une loi pour rattraper quelques milliers de fraudeurs" D'autant plus, explique le patron, que "le business-model de ce site, c'est justement de basculer ces faux particuliers vers la rubrique "professionnels" car c'est ainsi que je gagne ma vie".
"Je pense qu'il n'y pas quasiment pas" de faux particuliers, estime enfin le patron, "quelques centaines" tout au plus. "Si cette loi passe, nous l'appliquerons", assure cependant Antoine Jouteau, qui "redoute à moyen terme que d'autres plateformes, en dehors de France et d'Europe, utilisent cette faiblesse pour gagner des parts de marché", sans forcément payer des impôts en France, notamment Amazon.
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