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Le vin, un produit en voie de disparition ?

Le monde se dirige-t-il vers une pénurie de vin ? C'est ce qu'affirme Morgan Stanley, dans une étude publiée mercredi. L'offre mondiale ne cesse de décliner, tombant en 2012 à son niveau le plus bas depuis 40 ans. Une situation inquiétante qui s'explique par la diminution des capacités de production, notamment en France. Car dans le même temps, l'émergence d'une nouvelle bourgeoisie russe, américaine et chinoise a fait exploser la demande. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Reuters)

L'information risque de déplaire aux amateurs de grands crus. La banque américaine Morgan Stanley révèle dans une étude - qui n'a pas été rendue publique - que le monde se dirige vers une pénurie de vin. 

La pénurie ne devrait pas être atteinte dans les prochaines années, mais il y a de quoi s'inquiéter. Depuis 2010, la demande est bien plus importante que la production de vin, et la tendance devrait aller en s'accentuant. 

La production en berne

La production mondiale de vin a culminé en 2004, où le secteur affichait "un excès de 600 millions de caisses ". Depuis, l'offre mondiale n'a cessé de décliner. Son niveau de production est même tombé en 2012 à son niveau le plus bas depuis 40 ans, comme il est possible de le voir sur le graphique ci-dessous. 

Les capacités de production ont particulièrement diminué en Europe où elles sont aujourd'hui inférieures de 10 % à celles de 2005, notamment en France, premier producteur mondial, suivi par l'Italie et l'Espagne.

Comment expliquer ce déclin, particulièrement en France ? Un rapport du Sénat français publié récemment l'explique de deux raisons : la diminution de la demande nationale, et un changement dans les consommations de vin. A cette tendance de fond s'est ajoutée l'an dernier une mauvaise météo.

La demande mondiale boostée par la bourgeoisie chinoise et américaine

Parallèlement, la demande mondiale n'a cessé de croître, alors que la nouvelle bourgeoisie russe, chinoise ou d'autres pays émergents a pris goût au bordeaux, rioja et autres malbec.

Résultat : "L a demande de vin a dépassé l'offre de 300 millions de caisses l'an dernier ", constate l'étude de Morgan Stanley. Principaux demandeurs, les Français ne seront bientôt plus les premiers. Après plusieurs décennies de déclin comme partout ailleurs en Europe, les Etats-Unis leur emboîtent désormais immédiatement le pas.

Le pays du Coca-Cola est désormais aussi le deuxième principal pays amateur de vin au monde et tire vers le haut, avec la Chine, la croissance de la consommation mondiale. Cela se ressent particulièrement dans la hausse des exportations mondiales de vin.

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Les exportations représentent à présent un milliard de caisses de vin par an. Fait particulièrement marquant, en dehors des échanges intra-européens, 60 % des 600 millions de caisses prennent la direction du Royaume-Uni, des Etats-Unis, et de la Chine.

A court terme, cela devrait aller

Face à la hausse de la consommation de ces pays, qui augmente d'année en année, la situation de la production devrait s'aggraver. 

Mais cela devrait se faire sur plusieurs années. "A court terme, les stocks vont diminuer car la consommation sera dominée par les millésimes des années passées " mais quand ce sera au tour de la production de 2012 d'être consommée, "nous nous attendons à une pénurie avec un bond de la demande et des prix à l'exportation ", explique l'étude. 

Les conséquences de cette pénurie ? Une hausse des prix du vin, qui pourraient atteindre des niveaux étourdissants d'ici quelques années. 

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Un rebond en 2013 ? 

Malgré tout, les principaux intéressés ne sont pas si pessimistes. A la surprise générale, l'année 2013 a été étonnament bonne pour les viticulteurs. Le niveau global de la production de vin a de nouveau augmenté, selon l'Organisation Internationale du Vin (OIV)

L'étude fait aussi valoir que les Etats-Unis et la Chine augmentent parallèlement leur propre production, et se placent désormais aux 4e et 5e rangs mondiaux. En Chine, la production a même quadruplé ces dix dernières années mais ce n'est pas encore assez pour rattraper l'envolée de la consommation.   

Autre aspect important, les producteurs du "nouveau monde", à savoir l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili, ou l'Argentine, pèsent désormais à hauteur de 30 % dans les exportations mondiales, contre moins de 3 % au début des années 80. Une hausse de leur production pourrait ainsi permettre d'atténuer la pénurie prévue par Morgan Stanley, du moins pour les années à venir. 

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