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Le renflouement du système financer irlandais est-il le dernier de la liste ? Dans le doute, les politiques le croient

Les marchés étaient eux plus sceptiques lundi, la bourse et l'euro continuant à baisser après un début de journée plus optimiste.Résultat, après la Grèce et l"Irlande…va-t-il y avoir d"autres opérations de sauvetage ? Quel autre membre des "piigs" (Portugal, Italie, Irlande, Grèce ou Spain-Espagne) risque-il dêtre touché ?
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Le 26 novembre à Dublin : des opposants au Premier ministre irlandais réclament des élections urgentes. (AFP)

Les marchés étaient eux plus sceptiques lundi, la bourse et l'euro continuant à baisser après un début de journée plus optimiste.

Résultat, après la Grèce et l"Irlande…va-t-il y avoir d"autres opérations de sauvetage ? Quel autre membre des "piigs" (Portugal, Italie, Irlande, Grèce ou Spain-Espagne) risque-il dêtre touché ?

Le plan d'aide à l'Irlande n'a pas permis de réduire les tensions sur les marchés : les taux à 10 ans des emprunts d'Etat italiens et espagnols ont atteint lundi de nouveaux records sur le marché obligataire.

Les optimistes

On les trouve logiquement chez les décideurs politiques qui ne peuvent afficher d'autres positions. "J'espère" que l'incendie est éteint , a déclaré la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde. "C'est un plan qui est long, on n'est pas dans du court terme, dans des sparadraps de première urgence", a-t-elle insisté, écartant que la France soit "menacée". "Il n'y a aucun doute que ce plan va fonctionner", a affirmé à Tokyo le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.

Les pessimistes
Ils sont légion. "Il y a peu de chances que cela marque un tournant prolongé dans la crise de la périphérie : les doutes concernant de futures pertes pour les détenteurs d'obligations vont demeurer", et les pays fragile "restés sous pression", jugent les économistes de Royal Bank of Scotland.

Le prix nobel d"économie, Paul Krugman, se montre lui très sceptique et fait preuve d'ironie sur le prêt à 5,8% obtenu par Dublin. « Est-ce supposé résoudre le problème », s"interroge-t-il dans le New York Times, ajoutant «comment dit on c"est une blague en gaélique ».

"L'euro va probablement descendre à 1,25 ou 1,20 (dollar), même avec la deuxième phase de l'assouplissement quantitatif" de la politique monétaire de la banque centrale américaine. "Alors imaginez où la parité dollar/euro en serait si la Fed n'avait pas fait cela", a lancé M. Fink dans un entretien publié par le quotidien économique Financial Times.M.Fink gère BlackRock, le premier gestionnaire d'actifs dans le monde.

Les marchés qui, depuis le lancement de l'euro en 1999, n'avaient pas fait de différenciation trop grande entre les bons et les mauvais élèves de l'Union monétaire, font désormais nettement cette distinction, fragilisant du coup l'ensemble. Il est vrai que les divergences économiques entre les pays "faibles" et "forts" -l'Allemagne en tête- ont tendance à augmenter, ne manquant pas de faire resurgir le spectre d'un possible éclatement de la zone euro , même si les responsables économiques européens se veulent rassurants.

La situation grecque
Fort de l'exemple irlandais, la majorité de la presse grecque évoquait l'éventualité de l'allongement des remboursements du prêt accordé à la Grèce en mai par l'Union européenne (UE) et le FMI, tout en craignant un prolongement de la rigueur dans le pays pour plusieurs années. Au cours du week-end, l'UE s'est dit prête à examiner un allongement des durées des prêts accordés en mai à la Grèce et remboursables d'ici 2015, en les alignant sur celles qui seront accordées à l'Irlande , soit sept ans et demi. Selon le journal économique Naftémporiki, la Grèce "reprend son souffle" après "les sept ans pour le remboursement accordés pour l'Irlande " contre "les cinq ans" prévus pour la Grèce dans le plan de sauvetage en mai.

La décision ne sera prise sur cet éventuel allongement qu"en début d"année prochaine .

La situation portugaise
Après que l'Irlande a demandé de l'aide, les spéculations des marchés financiers sur un effet de contagion au Portugal "peuvent à peine s'expliquer encore rationnellement", a tenté de rassurer M. Schäuble, le ministre allemand des finances. "C'est au gouvernement portugais de décider (s'il veut bénéficier de l'aide des pays européens et du Fonds monétaire international), et les autres ne doivent pas spéculer là dessus", a-t-il ajouté.

"Les investisseurs devraient continuer à se focaliser sur la péninsule ibérique", ont en revanche estimé les économistes de Goldman Sachs dans une note.

Sous la pression des marchés, le Portugal a adopté vendredi un plan d'austérité draconien qui vise à ramener un déficit de 7,3% du PIB cette année à 4,6% fin 2011.

Quant à l"Italie, elle s"est refinancée lundi sans problème mais en voyant la facture augmenter de près d"un demi point (0,5%). "L'Italie reste perçue comme l'émetteur le moins risqué" parmi les pays périphériques et "l'augmentation des taux a été très inférieure à celle enregistrée dans d'autres pays" comme le Portugal ou l'Espagne, observe Elia Lattuga d'UniCredit.

Au delà des enjeux strictement économique, les opposants à cette course à la respectabilité financière tentent de se faire entendre. Faiblement pour l'instant. On pouvait ainsi lire cette note de François Leclerc sur le site de Paul Jorion : « De deux choses l"une : cette volonté de placer hors d"atteinte, sur l"étagère du haut, les banques européennes laisse supposer qu"elles sont beaucoup plus fragiles qu"on ne le reconnait ; ou bien qu"elles font la pluie et le beau temps. Les deux n"étant d"ailleurs pas à la réflexion incompatibles ! ». Les valeurs bancaires n'étaient pourtant pas à la fête lundi.

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