Le protectionnisme est-il un mot tabou ? Non, répondent trois présidentiables
Pas moins de trois candidats (déclarés ou potentiel) à l'Elysée ont participé mercredi matin à un débat à l'Assemblée nationale sur (ou plutôt contre) le libre échange : Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg
Débat organisé au 2e sous-sol de la chambre des députés par l'association Pour un débat sur le libre échange rassemblant une vingtaine d'économistes. Ceux-ci estiment que "la protection des intérêts économiques de la France passe par la remise en cause de la mondialisation et du libre-échange illimités." Un thème qui reste encore, de l'avis des organisateurs et des participants, minoré par les médias.
Sans surprise, le président du Mouvement Républicain et citoyen Jean-Pierre Chevènement, historique sur ce créneau, a affirmé "qu'il serait très lent de faire bouger les Européens". Même si la situation est grave : "La Grèce n'est que l'arbre qui cache la forêt. La forêt, c'est l'euro".
"Un million d'emploi industriels détruits en dix ans"
Plus sombre encore, Nicolas Dupont-Aignan a rappelé une nouvelle fois qu'un million d'emplois industriels avait été détruit en France ces dix dernières années". "Protection c'est un mot tabou !", s'est exclamé le candidat 2012 de "Debout La République". " Mais c'est notre devoir d'élu de protéger le peuple !". Et de plaider, sous les applaudissements d'une salle acquise, pour "la loyauté des échanges", et pour des barrières douanières permettant de préserver l'emploi.
"Ce sont les marchés qui font sauter comme à la corde les Etats et les contribuables"
Nicolas Dupont-Aignan s'est également élevé contre un pouvoir confisqué par une oligarchie financière : "Soit on reprend le contrôle de l'oligopole bancaire qui a pris le pouvoir en France, soit on n'en sortira pas". Et d'ajouter qu'"iI faut reprendre en main la gestion de la dette" pour en faire une dette souveraine.
Même envolée anti-banques d'Arnaud Montebourg : "ce sont les marchés qui font sauter comme à la corde les Etats et les contribuables. Il y des pays qui ont décidé que moins ils avaient de gouvernement, mieux ils repartiraient. Ce n'est pas le cas de la France. Le pays s'est redressé autrefois en écartant les puissances féodales, puis cléricales". Le tour serait désormais venu "des puissances financières."
Car tous estiment que la révolte couve. Arnaud Montebourg encore : "Si les dirigeants ne prennent pas la mesure" de la crise, "nous aurons une révolte des urnes et une montée des extrêmes" extrêmement graves.
"Nous ne sommes pas seuls. Nos thèses sont majoritaires"
Galop d'essai avant le premier débat des primaires socialistes, qui le verra jeudi s'affronter aux cinq autres candidats ? Le député de Saône-et-Loire et chantre de la démondialisation a prôné des "mesures sécuritaires", mais, cette fois, appliquées à l'économie : "mise sous tutelle politique des banques", séparation des banques de dépôts et des banques d'affaires, taxe Tobin sur les transactions financières à 0,05% qui, selon lui, permettrait de rembourser en un an la dette grecque.
Après une envolée contre l'Allemagne ("qui a déstabilisé la zone euro") et l'Organisation mondiale du commerce ("je souhaite la fin de l'OMC. Bien sûr, il faudra trouver un travail à M. Lamy. Son idéologie nous a coûté cher"), cette assertion qui servira ici de conclusion : "Nous ne sommes pas seuls. Nos thèses sont majoritaires". Rendez-vous dans les urnes ...
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