Le gouvernement saisit l’autorité de la concurrence sur les centrales d'achat
Chaque année, des négociations ont lieu à l'automne pour définir le prix des produits vendus l'année suivante en supermarché. Au cours de ces négociations, les représentants de la grande distribution font tout pour faire baisser les prix. Et pour peser encore plus dans ces négociations, les grandes enseignes se sont regroupées : Auchan et Système U d'une part, Casino et Intermarché d'autre part. Des alliances qui augmentent la pression.
Face à cette situation, une réunion s’est tenue ce jeudi au ministère de l’Agriculture entre agriculteurs, industriels et distributeurs sur les risques inhérents à la guerre des prix dans la grande distribution. A trop faire baisser les prix, on met en danger une industrie qui représente près de 500.000 emplois en France. Cela peut également engendrer une spirale économique infernale : le consommateur va attendre la baisse des prix pour acheter et au bout d'un moment il n'achètera pas plus de produits.
Des décisions
Le gouvernement a donc décidé de taper du poing sur la table. Le Premier ministre Manuel Valls a demandé aux enseignes de jouer le jeu du patriotisme alimentaire. Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, a lui annoncé que le gouvernement allait saisir l’autorité de la concurrence à propos de ces centrales d’achat montrées du doigt par l’industrie agroalimentaire et les agriculteurs.
Le ministre réclame aussi plus de transparence quant à l’utilisation du crédit impôt compétitivité emploi par la grande distribution que certains accusent de l’utiliser pour faire baisser les prix. Emmanuel Macron a réaffirmé l’application stricte de la loi Hamon qui renforce les contrôles pour éviter toute pratique abusive lors de la signature des contrats.
La satisfaction de l’Ania
"Cette réunion était importante pour faire le point sur ce qui a été baptisé 'la guerre des prix'. Satisfait, oui, parce que des mots de loyauté, de co-responsabilité ont été prononcés. Aucune entreprise n’est épargnée, qu’elles soient petites ou grandes, toutes sont sollicitées, " a réagi Jean-Philippe Girard, président de l’Ania (Association Nationale des Industries Alimentaires)
Le prix le plus juste n’est pas le prix le plus bas
"On doit dire au consommateur que, derrière le prix, il y a de la matière première, du travail, des salariés qu’il faut rémunérer, et il faut quelques pourcentages qui vont permettre d’investir, d’innover. Ce sont ces points de marge qui risquent de manquer et de mettre en difficulté des entreprises. "
Un comité de suivi a été mis en place. Un état des lieux sera fait dans trois ou quatre mois, a expliqué Jean-Philippe Girard. "Est-ce qu’il y a bien un changement d’état d’esprit, un nouveau climat des affaires, de la loyauté ? Tout cela on le vérifiera et c’est très bien ".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.