Le G20 s'est engagé dimanche, dans sa déclaration finale, à la fois à renforcer la croissance et réduire les déficits
Cette décision a été prise pour ne pas compromettre une reprise économique "inégale et fragile", estiment les pays du G20, réunis dimanche à Toronto (Canada), selon le communiqué final.
Ils se sont engagés à réduire d'au moins de moitié leur déficit public d'ici à 2013, mais les plans devront être adaptés aux conditions particulières de chaque pays.
Une manière de maintenir une unité de façade et de taire les profondes divergences entre Européens soucieux de réduire leur fort endettement et Etats-Unis désireux de soutenir la consommation pour dynamiser la croissance économique.
"Nous sommes résolus à prendre des mesures concertées pour soutenir la reprise (...) Ces mesures seront différentes pour chaque pays et tiendront compte des circonstances nationales", affirment les chefs d'Etat et de gouvernement du G20. Mieux encore, sur la taxe spécifique au secteur bancaire, chacun peut faire ce qu'il veut. "Certains pays imposent une taxe financière tandis que d'autres ont choisi une approche différente", se satisfait le G2 .
Se voulant positif, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a expliqué que toutes ces références à la "situation particulière de chaque pays" se justifiaient. "On voit bien l'intérêt qu'il y a à gagner de la croissance, si chacun fait ce qu'il a à faire", a-t-il déclaré après le sommet.
Dans le même état d'esprit, le G20 a adopté, sur le sujet polémique des déficits budgétaires, une formule lancée quelques semaines auparavant par les Américains: "des plans de consolidation favorables à la croissance". Un même terme pour désigner les plans d'austérité européens et les engagements plus tièdes de Washington.
Concernant des mesures souhaitées par le monde entier, mais à prendre dans un seul pays, celui-ci n'est pas nommé. Le G20 a ainsi appelé à "accroître la flexibilité du taux de change dans certains marchés émergents". Une mesure qui ne concerne que la Chine, seul membre du groupe à ne pas avoir de monnaie flottant librement si on excepte l'Arabie saoudite dont la politique de taux de change ne pose pas problème.
Résultat: tous les pays participants sont satisfaits. "Les pays émergents ont été tout à fait pris en compte dans le communiqué, nos positions sont toutes là", s'est félicité le ministre des Finances brésilien Guido Mantega..
"Ce qui est déjà extraordinaire, c'est qu'on ne nous empêche pas de le faire et ça fera tâche d'huile", a estimé le président français Nicolas Sarkozy, au sujet d'unetaxe bancaire que les Européens aimeraient mettre en place.
"Le G20 est une composante essentielle de la stratégie de l'administration Obama pour assurer la reprise mondiale", s'est félicitée la Maison Blanche.
"C'est plus que j'attendais, c'est un succès !", s'est félicité la chancelière allemande Angela Merkel, qui a lancé un vaste plan d'économies pour montrer l'exemple à ses partenaires européens.
Le plus satisfait était encore l'hôte canadien, estimant avoir obtenu tout ce qu'il avait souhaité. "Ici on a franchi des étapes importantes, des étapes que le Canada recherchait", a déclaré le premier ministre Stephen Harper au moment de clore le sommet.
Le G20 a rendez-vous pour un nouveau sommet dans moins de cinq mois à Séoul, un temps court entre deux rencontres de cette importance.
Le Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, dont le siège est au Canada, a réalisé un glossaire sur le langage diplomatique du G20, quant aux formules employés dans ses communiqués.
- Dans un communiqué conjoint, "nous nous attendons à" revient à dire "nous espérons" sans plus, souligne cet institut.
- "Avec le but de" revient à dire "échec possible", tandis que l'expression "de plus grands efforts sont requis" signifie en réalité: "Nous sommes déçus jusqu'à présent".
- "Nous partageons l'objectif de" doit être interprété comme une déclaration de leurs auteurs à reconnaître qu'ils ne sont en réalité "pas redevables individuellement" de ce qui suivra, ajoute l'institut de recherche.
- Affirmer que "nous sommes en train d'étudier" tel ou tel dossier doit en fait être lu comme: "Nous ne sommes pas prêts à agir à ce sujet", estime enfin ce Centre.
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