Le classement des grands crus de Saint-Emilion annulé
Décidément, les châteaux bordelais ont bien du mal à accepter les classements... Les intérêts économiques en jeu sont par trop considérables.
_ Dernier épisode en date : l'annulation pure et simple du classement des grands crus de Saint-Emilion, par le tribunal administratif de Bordeaux. Un classement révisable tous les dix ans - la dernière mise à jour date de 2006. 61 propriétés avait été retenues (15 comme premiers grands crus classés, 46 comme grands crus classés), 34 avaient été écartées, et huit déclassées. Les mécontents étaient trop nombreux...
En fait, ce que les juges ont condamné, c'est l'absence de “principe d'égalité entre les candidats”. De fait, à en croire certains viticulteurs écartés, les dégustations professionnelles laissaient franchement à désirer.
En fait, le tribunal est allé à l'encontre même du commissaire du gouvernement. Ce magistrat qui dit le droit avait indiqué, lors de l'audience, le 25 mars, que le dossier constituait un véritable “imbroglio administratif” demandant le rejet de la requête des huit propriétés déclassées, qui demandaient l'annulation du classement.
Au final, le jugement illustre un mal bien connu dans le vignoble français : l'impossibilité de trouver un terrain d'entente sur un éventuel classement - quelque chose qui soit immédiatement identifiable par l'acheteur étranger.
_ Seul le classement de 1855 réussit à perdurer (avec un rajout en 1973, Mouton-Rotschild). Mais ce classement des grands crus du Médoc ne sanctionnait pas, à l'époque, une quelconque qualité des châteaux : il ne faisait que les ordonner en fonction des prix du marché.
Guillaume Gaven
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