Le 48e Salon du Bourget, qui se tient du 15 au 21 juin, va fêter le centième anniversaire de l'événement
Qu"on ne s"y trompe pas. Si ce salon est le 48e, l"événement célébrera bel et bien ses 100 ans.
En 1908, des constructeurs et inventeurs visionnaires tels Blériot, Breguet ou Voisin donnent pour la première fois un caractère industriel et commercial aux activités aéronautiques alors considérées, jusque là, comme un sport.
Le Salon International de l"Aéronautique et de l"Espace est la plus ancienne manifestation mondiale consacrée à ce secteur. Après un siècle, il est devenu le plus grand salon de l"aéronautique et de l"espace du monde.
Ternie par la crise, cette édition 2009 est aussi endeuillée par l'accident le 1er juin de l'Airbus A330 reliant Rio à Paris, qui s'est abîmé en mer dans des circonstances mystérieuses, faisant 228 morts. "Ce sera un Bourget plus calme que le précédent", estime Mark King, président de la division aéronautique civile du motoriste britannique Rolls-Royce.
Sommaire
Le Salon du Bourget a toujours été l'occasion de présenter des appareils innovants. Cette année ne déroge pas à la règle.
La patrouille de France revient au Bourget après 36 ans d'absence
La crise financière n'a pas effrayé les plus de 2.000 exposants venants de 48 pays qui seront présents cette année : un record.
Après trois années record, les prises de commandes des avionneurs français affichent un important recul de 17%.
Le match Airbus-Boeing n'aura pas lieu cette année. Les avionneurs compensent la perte des ventes en proposant des services.
Les dépenses militaires mondiales ont atteint l'an dernier le montant record de 1.464 milliards de dollars.
Interview de Jacques Rosay, le pilote d'essai de l'A380, un soixantenaire ancien pilote de chasse.
Le Salon du Bourget en quelques dates clés.
Le constructeur américain vise toujours un premier vol du nouvel avion de ligne 787 Dreamliner d'ici à la fin juin, avec deux ans de retard.
Présentations et spectacles
Le Salon du Bourget a toujours été l'occasion de présenter des engins innovants comme le Concorde, l'avion furtif américain A117 ou encore l'Airbus A380.
Cette année ne déroge pas à la règle puisque seront dévoilés le Sukhoi Super Jet 100, nouveau biréacteur de transport régional russse, et le drone hélicoptère Camcopter de la société Schibel, le premier drone présenté en vol lors d'un salon.
Aux côtés des avions commerciaux et militaires dernier cri, les visiteurs auront la possibilité d'admirer une trentaine d'avions anciens construits entre 1909 et 1960.
En levant les yeux vers le ciel, ils assisteront à des présentations ouvertes par la patrouille de France dont les appareils n'avaient plus survolé le salon depuis 1975. Après 36 ans d'absence, la Patrouille de France s'apprête à repeindre en bleu-blanc-rouge le ciel du Bourget, devant les dizaines de milliers de visiteurs des journées "grand public" du salon, le week-end des 20 et 21 juin.
Le salon 2009 sera donc celui du "renouveau" de la PAF au Bourget, comme le note son leader, le commandant Benjamin Souberbielle.
Les huit Alphajet - qui voleront un peu moins près du sol que lors des meetings, 500 pieds (150 mètres) contre 300 (100m) habituellement - ne présenteront toutefois que la première partie de leur programme, celle où ils évoluent groupés en "ruban". La seconde, celle des "percussions" spectaculaires et des solos, exigerait trop d'espace, à proximité de l'aéroport de Roissy dont il n'est pas question d'interrompre l'activité commerciale.
Un "meeting" aérien se déroulera tous les jours. Malheureusement, de nombreux aeronefs très attendus vont faire défaut. Côté démonstrations, le long-courrier 787 ou "Dreamliner" de Boeing et l'avion de transport militaire d'Airbus A400M, que l'on espérait il y a deux ans voir voler au Bourget , brilleront par leur absence, victimes de retards dans leur programme de construction. Le vol d'essai du 787 aux Etats-Unis est cependant prévu avant la fin juin.
L'avion de chasse F-22 Raptor de l'américain Lockheed ne viendra pas non plus, a précisé le GIFAS sans pouvoir donner de raison officielle.
Le grand retour de la Patrouille de France
En volant à ce 48e Salon, La Patrouille de France mettra fin à une longue parenthèse ouverte il y a 36 ans par le crash du Tupolev 144, le 3 juin 1973 en plein Salon du Bourget (Seine-Saint-Denis).
Ephémère fierté de l'Union soviétique, le supersonique aux allures de Concorde s'était écrasé sur Goussainville (Val-d'Oise), faisant 13 morts, ses six membres d'équipage et sept habitants.
Peu avant le salon de 1975, le ministre de l'Intérieur Michel Poniatowski avait jugé plus sage de supprimer la "fête aérienne" qui refermait traditionnellement cette manifestation. "Vols groupés et patrouilles acrobatiques" en furent bannis.
Depuis, la Patrouille de France s'est contentée de quelques passages en formation, modestes prestations au regard de son prestige. Comme le 14 juin 2003, lorsqu'elle avait ouvert un meeting aérien, tristement refermé par le dernier vol du Concorde.
Benjamine de la formation, première femme pilote à l'avoir intégrée et futur leader, Virginie Guyot s'attend à un moment "unique" pour ce grand retour même si le Bourget n'est qu'une étape sur le long périple estival de la patrouille et qu'il "faut être à 200% sur chaque vol".
Les autres temps forts de la saison seront l'ouverture du défilé du 14 juillet, une grande tournée en Amérique du Sud, Moscou...
Un record déjà battu malgré la crise
Cette édition 2009, qui s'ouvre dans un contexte économique morose et "particulièrement difficile" - selon les termes des organisateurs -, ne l'empêche pas de faire le plein. L'événement "n'a rien perdu de son attractivité : toutes les surfaces [d'exposition] sont louées et tous les chalets [qui permettent d'accueillir les sociétés non-aéronautiques ou les invités des exposants] le sont également, notent-ils.
La crise financière n'a pas effrayé les plus de 2.000 exposants venants de 48 pays qui seront présents cette année : un record.
Reste à savoir si le record d'affluence va aussi être battu cette année, lui qui a explosé dans les années 2000 - en 2001 et 2005 avec respectivement 300.00 puis 500.000 visiteurs.
La santé de l'industrie aéronautique française
Le groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) a appelé le gouvernement à soutenir le secteur, réclamant une intervention "significative" de l"Etat.Charles Edelstenne président du GIFAS (et PDG de Dassault Aviation) a insisté sur la clarification des conditions de détermination du coût du crédit. "Sans cela, nous allons perdre des marchés et nos clients annuleront ou reporteront les livraisons prévues en 2009 et 2010", a-t-il déclaré.
L"industrie aéronautique française a clôturé un exercice 2008 en croissance. Mais après trois années record, les prises de commandes affichent un important recul de 17% mais restent à un niveau élevé puisqu"il s"agit du meilleur résultat enregistré par le GIFAS avec 48,6 milliards d"euros.
Charles Edelstenne s"y attend : "le score du Bourget 2009 sera inférieur" à celui de 2007 où s"étaient enchaînées les annonces de commandes. Le constat attendu est le même pour le directeur commercial d'Airbus, John Leahy : "il y aura bien quelques annonces mais je peux vous garantir que cela n'aura rien à voir avec les quelque 400 commandes engrangées la dernière fois".
Pas de contrat prévu pour le Rafale
Charles Edelstenne, a estimé qu'aucun contrat concernant le Rafale ne serait signé au salon du Bourget dans une interview vidéo diffusée sur le site lepoint.fr.
Il y aura "des contacts" avec les nombreuses "missions étrangères" attendues, "par contre il n'y aura aucune signature pendant le salon en ce qui nous concerne", a-t-ildéclaré.
Un coup dur pour Dassault qui avait espéré reprendre des couleurs. L"avion de combat français Rafale - qui ne s"est encore jamais vendu hors de nos frontières - semblait intéresser le Koweït, les Emirats arabes unis, l'Inde ou la Libye.
S"exprimant sur un contrat portant sur la livraison de Rafale, le ministre Koweïtien de la Défense a dit que cette question serait étudiée, soulignant que "la haute qualité de l"avion de chasse français et sa technologie avancée méritaient une attention particulière".
Nicolas Sarkozy avait dévoilé en février que la France et le petit pays du Golfe discutaient de la vente éventuelle de bâtiments de guerre et de 14 à 28 Rafale.
Les ventes d'Airbus se stabilisent
Du côté de l"aviation civile, vingt-six Airbus ont été vendus par la France en Avril, ce qui lui a rapporté 1,36 milliard d"euros, après 19 avions pour 987 millions en mars.
Airbus a dit avoir enregistré 32 commandes brutes sur les cinq premiers mois de l'année, soit 11 commandes nettes en tenant compte des annulations.
De plus, Airbus a cru voir s"envoler la vente de dix A380 après que International Lease Finance Corp ait lancé la possibilité d"annuler ou reporter partiellement ou intégralement sa commande. Mais aucune décision en ce sens n"a été adoptée pour l"instant par le numéro un mondial de la location d"avions aux compagnies aériennes.
"Vus la situation mondiale et les tensions financières dans le secteur, nous devons être très prudents", a expliqué le directeur général d"ILFPC, Steven Udvar-Hazy. Une prudence également exprimée par le président exécutif d'EADS, Louis Gallois : "ce qui est clair, c'est que nous ne sommes pas dans une année record comme l'a été 2007, explique-t-il au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. "Nous n'espérons pas enregistrer un même niveau de commandes, les clients sont très prudents". "C"est lié à la situation économique ; dans quelques mois, nous aurons une meilleure visibilité", a ajouté Steven Udvar-Hazy.
La difficulté pour les compagnies aériennes et acheteurs privés de trouver de financements en raison de la crise bancaire laisse planer un doute sur la qualité du carnet de commande. Malgré sa taille, il ne permet pas de garantir au secteur une activité soutenue car tous les clients ne seront pas en mesure de transformer leurs commandes en livraisons.
Airbus : entre ambition et réalisme
Lors d'un séminaire du groupe européen d'aéronautique et de défense organisé durant le week-end précédent le Salon, le président d'Airbus, Thomas Enders, avait lui aussi expliqué que l'avionneur ambitionne toujours de livrer à peu près autant d'avions en 2009 que l'an dernier (483), et qu'il espère enregistrer 300 commandes, mais "ça pourrait être beaucoup moins", a-t-il reconnu.
En 2007, Airbus avait enregistré plus de 400 commandes fermes et plus de 260 intentions d'achats lors du salon du Bourget.
Le match Airbus-Boeing n'aura pas lieu, les constructeurs compensent la perte des ventes en proposant des services
La crise va priver Airbus et Boeing de leur joute favorite : celui du record d'annonces de commandes.Mais le match américano-européen ne risque pas de perdre de sa vigueur, même s'il ne sera plus focalisé sur ces annonces.
En dépit du durcissement de la conjoncture économique, les professionnels du secteur se veulent rassurants et ne cessent de souligner la forte affluence, le fait que toutes les surfaces d'exposition soient louées.
L'industrie du transport aérien traverse une passe difficile. Sauf grosse surprise, 2009 devrait d'enregistrer une diminution du trafic aérien mondial, passager et fret, une première depuis 2001.
Airbus, qui vise 300 commandes brutes cette année, n'en a signé que 32 sur la période janvier-mai et a fait savoir à plusieurs à plusieurs reprises que son objectif annuel serait difficile à atteindre.
Son concurrent américain Boeing, qui va supprimer 10.000 emplois en 2009, a de son côté signé 73 commandes brutes depuis le début de l'année mais déplore 66 annulations, ramenant son solde net à sept appareils.
L'Association internationale du transport aérien (Iata) prédit neuf milliards de dollars de pertes pour les compagnies aériennes cette année. "C'est la situation la plus difficile que le secteur ait eu à affronter et je ne vois pas ce qui pourrait inciter à l'optimisme", déclarait le 8 juin Giovanni Bisignani, son directeur général, lors de l'assemblée générale de l'organisation à Kuala Lumpur.
Moins de ventes, plus de services
"Le match Airbus-Boeing avait tendance à éclipser toute une partie du 'business'. Le 'Paris air show' constitue l'occasion pour les constructeurs de discuter entre eux et avec la 'supply chain' (les fournisseurs, ndlr). Cet aspect va revenir sur le devant de la scène et nous pourrions assister à des annonces de partenariats industriels ou de transferts de technologies dans la défense", fait valoir Damien Lasou, responsable de l'activité aérospatial et défense auprès d'Accenture.
"Airbus a confirmé son intention de réaliser 25% de son chiffre d'affaires dans les services d'ici à 2020. L'irruption de la crise n'a fait que renforcer l'intérêt de compléter un modèle économique fondé sur la vente de produits dont les commandes baissent par une offre de services récurrents comme la maintenance", ajoute-t-il.
Le spécialiste note par ailleurs que l'internationalisation croissante des grands groupes aéronautiques pourrait conduire à la signature de partenariats importants, dans la logistique par exemple.
Si les commandes d'appareils devraient logiquement être
moins nombreuses cette année que lors des éditions précédentes,
quelques opérations importantes pourraient néanmoins être
communiquées.
"Le niveau de commandes sera quand même une préoccupation première", s'inquiète de son côté Olivier Brochet, analyste chez Natixis Securities. Et il prévient: "Si ce niveau est trop faible, le sentiment du marché sur la reprise économique et sur la poursuite de la constitution des carnets de commandes des constructeurs sera très négatif."
Un signe de reprise ?
La compagnie United Airlines a prévu d'importants achats d'avions pour renouveller une grande partie de la flotte qui sera vétuste d'ici 5 à 10 ans. " Nous avons ouvert un concours entre les avionneurs", a déclaré le vice-président de la stratégie Greg Taylor.
Le Wall Street Journal avait indiqué que United Airlines avait demandé à Boeing et Airbus de lui faire des propositions pour une commande qui pourrait porter sur 150 appareils pour plus de 10 milliards de dollars. Le groupe aurait exclu par avance de partager le contrat pour obtenir les meilleurs concessions possibles en terme de prix.
Si cette lourde commande ne va pas suffire à relancer le secteur, pour John Leahy, le directeur commercial d'Airbus, elle est le signe que la reprise n'est plus très loin. Une reprise que tout le monde guette avec fébrilité. Le président exécutif d'EADS, Louis Gallois, va utiliser lui aussi ce salon comme un baromètre qui permettra de mieux comprendre où on en est dans la crise" a-t-il dit dans un entretien à la presse allemande lundi.
Dépenses militaires mondiales record en 2008
Les dépenses militaires mondiales ont atteint l'an dernier le montant record de 1.464 milliards de dollars, les Etats-Unis s'adjugeant de loin la plus forte part du total, rapporte lundi l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm(Sipri).
Les livraisons d'armes étaient en hausse de 4% par rapport à 2007 et de 45% par rapport à 1999, précise le groupe d'études stratégiques dans son étude annuelle du commerce des armements.
"L'idée de la 'guerre contre le terrorisme' a encouragé beaucoup de pays à voir leurs problèmes à travers des lentilles très militarisées et à s'en servir pour justifier de fortes dépenses militaires", estime un responsable du Sipri, Sam Perlo-Freeman, dans un communiqué.
"D'autre part, les guerres d'Irak et d'Afghanistan ont donné lieu à 903 milliards de dollars de dépenses militaires supplémentaires de la part des seuls Etats-Unis", pays à l'origine de 58% de l'augmentation des dépenses militaires mondiales entre 1999 et 2008.
La Chine et la Russie ont toutes deux triplé les leurs durant cette période, selon le Sipri.
Parmi les autres pays qui ont fortement contribué à l'accroissement global figurent l'Inde, l'Arabie saoudite, l'Iran, Israël, le Brésil, la Corée du Sud, l'Algérie et la Grande-Bretagne.
Boeing, premier producteur d'armes
La firme américaine Boeing est restée le premier producteur d'armes en 2007 - dernière année en date pour laquelle on dispose de données fiables - avec des ventes qui ont représenté 30,5 milliards de dollars.
Les 20 premières sociétés inscrites sur une liste des cent principaux producteurs d'armes en 2007 sont américaines ou européennes.
Les dates importantes du Salon du Bourget
1908 : une exposition aéronautique annexe au 2e Salon de l"Automobile est mise en place au Grand Palais, à Paris.
1909 : 1er Salon entièrement consacré à l"aviation au Grand Palais créé par André Granet et Robert Esnault-Pelterie. Il aura lieu tous les ans jusqu"en 1924, avec une interruption au moment de la 1ère Guerre Mondiale entre 1913 et 1919.
1924 : La 9ème édition du Salon de l"Aviation est ponctuée par la venue de constructeurs étrangers (britanniques et allemands essentiellement). C"est également à partir de cette date que le Salon se tiendra tous les deux ans uniquement (il connaîtra une nouvelle interruption au moment de la Seconde Guerre Mondiale).
1927 : l'aviateur américain Charles Lindbergh, "L'aigle solitaire", se pose sur l"aéroport du Bourget lors du premier vol sans escale entre New York et Paris. Le Bourget devient alors la plateforme aéronautique la plus connue dans le monde et spécialement aux Etats-Unis.
1951 : l"Aéroport du Bourget devient la deuxième plateforme française et se spécialise sur l"aviation d"affaires. Son plus faible trafic lui permet d"accueillir le Salon de l"Aéronautique et de l"Espace.
1975 : le Musée de l"Air est créé sur l"aéroport du Bourget. Vingt nations sont présentes au Salon.
1979 : année de la présentation de la fusée Ariane. Le nombre de nations représentées s'élève à 26.
1991 : les modèles engagés pour la guerre du Golfe sont mis en vedette : l"A10, le Jaguar, le Missile Patriot. L"avion furtif américain A117 est présenté.
1997 : nouveaux records avec 1860 exposants venus de 46 pays et près de 230 avions présentés.
2001 : record d'affluence : plus de 300.000 visiteurs.
2005 : présentation de l'Airbus A380 et record historique du nombre de visiteurs, tant professionnels que grand public (près de 500 000 en sept jours).
Il rêvait de F1, il pilote maintenant l'A380
A 18 ans, il voulait conduire une Formule 1. Faute d'argent, Jacques Rosay est devenu pilote de chasse, puis d'essai chez Airbus et a été le premier à tester le plus grand avion de ligne du monde, l'A380, dont il assurera chaque jour les démonstrations en vol au Bourget.
Si "l'avion est aussi maniable qu'un moyen-courrier A320", il n'est pas question de faire des loopings. "L'avion n'est pas fait pour ça", explique-t-il en riant. "Ses commandes l'empêchent d'ailleurs de prendre ce type d'attitude complètement déraisonnable". Et inutile pour un appareil destiné à transporter des passagers. Un appareil qu'il connaît bien puisqu'il a participé à la définition du poste de pilotage du paquebot des airs.
Et puis les loopings, il en a fait suffisamment dans sa jeunesse. Son dernier vol sur un avion de chasse, un mirage III, son appareil fétiche, remonte à 15 ans, la veille de son arrivée chez le fabricant européen Airbus.
"C'est plus fatigant pour l'organisme", reconnaît-il. Lui, dont la vue était excellente à vingt ans, lorsqu'il a passé le concours de l'école de l'Air, porte désormais des lunettes d'astigmate.
Un parcours classique pour un pilote d 'essai d'Airbus. "Les plus jeunes d'entre nous ont 45 ans. La plupart ont été auparavant pilotes de chasse car on y acquiert l'expérience des situations délicates", raconte ce chef d'équipe d'une soixantaine de personnes.
L'idée d'avoir des spectateurs le laisse imperturbable. "Je me concentre sur ce que j'ai à faire et sur ce qui peut mal se passer. Une panne ou un autre avion qui arriverait par exemple. Il faut simplement être précis et rigoureux, sans s'exciter".
Depuis qu'il a appris à piloter, il ne s'est arrêté qu'une fois, pendant un mois et demi, "pour un problème médical". "Si j'avais été pilote de Formule 1, je serais à la retraite depuis longtemps".
Le premier vol du 787 Dreamliner pour fin juin
Le 787 Dreamliner de Boeing qui devait être présent au Salon du Bourget a finalement fait faux bond. Pourtant le constructeur américain vise toujours un premier vol du nouvel avion de ligne 787 Dreamliner d'ici à la fin juin, a confirmé son PDG Jim McNerney dans le Journal du Dimanche 14 juin, en assurant que la crise économique reste "gérable"."Je ne peux pas vous prédire le jour exact, mais nous sommes en ligne avec notre objectif d'un premier vol (du Dreamliner, ndlr) d'ici à la fin du mois", déclare-t-il dans un entretien au JDD.
"Fin du mois" ne signifie pas "pendant la tenue du Bourget". Mais un simili contre-événement solitaire de Boeing de l'autre côté de l'Atlantique permettrait à l'avionneur de Seattle d'attirer d'autant plus l'attention sur cet appareil qui affiche le record de 860 commandes ; et de reprendre de la vigueur face à Airbus qui, en 2008, pour la première fois, est passé devant en terme de chiffres d'affaires.
Le 787, un long-courrier pouvant embarquer 210 à 330 personnes, a pris plus de 2 ans de retard en raison de problèmes industriels à répétition et d'une grève des ouvriers en septembre-octobre. Plus des deux tiers de "l'avion de rêve" sont construits par des sous-traitants.
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