La zone euro dispose d'une monnaie unique mais pas de politiques économiques ou fiscales communes
Résultat, les pays membres affichent des disparités importantes en matière de croissance, de chômage, de fiscalité...
Chaque pays membre se retrouve isolé face aux marchés pour ses emprunts sans pouvoir agir sur des leviers comme la monnaie ou même dans une certaine mesure sur sa politique budgétaire.
Le tableau suivant montre les disparités entre les économies de quelques pays de la zone euro, et notamment ceux que certains économistes ont appelé les "PIGS" (Portugal, Irlande (ou Italie ?), Grèce et Spain -Espagne-), à partir de quelques indices clefs.
Tx croissance(prev 2010 ) Tx chômage
(2010) Tx inflation
(2010) Dette pub/PIB
(2009) Déficit pub/PIB
(2009) Allemagne 1,2 % 6,7 % 1 % 73,4 % 3 % France 1,3 % 10 % 1,5 % 78,1 % 7,5% - Italie 0,8 % 8,3 % 1,5 % 116 % 5,3 % Espagne -0,4 % 20,8 % 1,5 % 53,2 % -11,1 Portugal 0,5 % 10,6 % 0,9 % 76,1 % -9,3 % Irlande -0,9 % 14,1 % -1,9 % 65,5 % -14,4 % Grèce -3 % 12,2 % 4,3 % 126,8 % -15,4 %
(source: Eurostat)
Il est à noter que les données affichées ici ne tiennent pas compte de certaines évolutions liées aux événements des derniers mois:
-la croissance allemande semble nettement plus importante que celle prévue par Eurostat en début d'année en raison du dynamisme de ses exportations. L'optimisme qui prévaut pour l'Allemagne n'est cependant pas transposable à l'ensemble des autres pays de la zone euro.
-les croissances prévues pour certains pays touchés par des plans massifs de réduction budgétaire pourraient même se révéler inférieures aux prévisions (Portugal, Irlande...), risquant ainsi de provoquer de nouvelles inquiétudes.
Le tableau montre aussi que le chiffre indiquant l'importance de la dette publique par rapport au PIB n'est pas toujours parlant pour mesurer la solidité financière d'un Etat puisque l'Espagne et l'Irlande affichent des dettes publiques relativement faibles tout en suscitant de graves inquiétudes en raison du niveau de leur dette privée.
Le tableau ne tient pas compte non plus du chiffre 2010 du déficit public irlandais qui devrait atteindre 32 % du PIB en raison du renflouement des banques privées par l'Etat. Déficit qui va aussi modifier l'endettement du pays.
Les chiffres d'Eurostat indiquent aussi que l'inflation reste très faible dans toute la zone, malgré les hausses de prix des matières premières. Une situatation qui peut s'expliquer par la faiblesse des taux de croissance et l'importance du chômage dans de nombreux pays.
Ce sont sur ces différences économiques que les acteurs sur les marchés des emprunts publics jouent pour faire monter (ou baisser) les taux. La hausse de ces taux pouvant rapidement étouffer un état.
Ainsi, les taux à 10 ans variaient en Europe de 2,73 % en Allemagne à 11,77% en Grèce. Entre ces deux extrèmes, la France empruntait à 3,14%, l'Italie à 4,42, l'Espagne à 5,18, le Portugal à 6,9 et l'Irlande à 9,2%.
A la différence des Etats-Unis (dont les états connaissent d'importantes disparités), l'Europe ne bénéficie pas d'un emprunteur fédéral. En intervenant sur les dettes de certains de ses membres, l'UE prend conscience de ce manque.
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