L'intersyndicale, animée par la CGT et la CFDT, a demandé jeudi au gouvernement "une véritable concertation sociale"
La "gravité", selon tous les participants, de la situation économique et sociale en France et dans la zone euro, a donné un air d'unité à la rencontre entre les syndicats CGT, CFDT, FSU, UNSA et Solidaires, qui avait été décidée avant la pause estivale.
Ces organisations tentent ainsi de parer à un éventuel plan d'austérité, insatisfaits de l'annonce de consultations séparées des syndicats par le premier ministre, François Fillon.
A l'exception d'un texte anti-FN, c'est la première fois cette année que les "cinq", dont les liens s'étaient distendus ces derniers mois, publient une déclaration commune, renouant avec l'habitude prise pendant le conflit des retraites à l'automne 2010.
"L'intersyndicale a pris toutes ses responsabilités", selon la leader de la FSU, Bernadette Groison. Le numéro deux de la CFDT, Marcel Grignard, a salué "la capacité des organisations syndicales à dépasser leurs intérêts particuliers" pour "viser l'intérêt général". A "faire fi de leur pré-carré", a complété Jean Grosset (UNSA). "Nous sommes satisfaits de la dynamique unitaire d'aujourd'hui", a commenté Nadine Prigent, dirigeante de la CGT.
Devant la presse, les syndicats se sont dits dans l'ignorance du calendrier de consultation des acteurs sociaux par le premier ministre, alors qu'ils ont demandé à être reçus avant que le gouvernement n'arrête mercredi prochain des mesures destinées officiellement à contenir les déficits. Ils se reverront le soir même pour réagir, avec l'espoir exprimé par tous que les trois absents (FO, CFTC, CFE-CGC) soient cette fois présents.
Si FO a marqué sa préférence pour des entretiens bilatéraux avec François Fillon,
une formule finalement retenue par le chef du gouvernement, l'intersyndicale ne s'en satisfait pas.
Demander "une véritable concertation sociale " revient à ce que "les organisations syndicales soient reçues ensemble", ce qui équivaudrait à un sommet social comme l'avait réclamé la veille le leader de la CFDT François Chérèque. "Des bilatérales sont utiles, mais ne remplacent pas une concertation globale", selon son adjoint.
Le souci des syndicats est d'éviter un plan d'austérité, quand bien même, selon Marcel Grignard, "les uns et les autres auront des efforts à faire". "Il y en a assez que ce soit toujours les mêmes qui paient leur crise", a lancé Jean-Michel Nathanson (Solidaires). Comprendre: la crise provoquée par "les spéculateurs" et les politiques gouvernementales dites "anti-crise".
Très modérée dans le choix des mots, la déclaration commune souligne que "le chômage reste très élevé" et que "la précarité s'est accentuée" tandis que "la politique fiscale est inéquitable et épargne les plus hauts revenus". Elle réclame que priorité soit donnée à "l'emploi, la cohésion sociale, la réduction des inégalités, la maîtrise des déficits publics". C'est la première fois que les syndicats, répondant à une demande insistante de la CFDT, rangent parmi les priorités la lutte contre les déficits.
Mais, "pour nous, contrairement au gouvernement, ces quatre objectifs ne sont pas
séparés", a précisé Marcel Grignard.
Appuyée par la FSU et Solidaires, la CGT a obtenu que le communiqué commun en appelle à "l'intervention indispensable des salariés" pour infléchir la politique gouvernementale. Mais elle n'a pas - encore ? - obtenu le ralliement des autres syndicats à une journée d'action interprofessionnelle qu'elle veut organiser fin septembre-début octobre.
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