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Vidéo Inflation : "La première réponse est d'augmenter de 10% les APL", demande la Fondation Abbé-Pierre

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Article rédigé par franceinfo
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"Il faut des mesures d'urgence immédiates", estime Christophe Robert pour aider les ménages les plus modestes et notamment sur le logement, premier poste de dépense des Français.

Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, demande ce jeudi sur franceinfo une augmentation de 10% des APL pour les ménages les plus modestes, soit "la première réponse" à l'envolée de l'inflation alors que le gouvernement a annoncé une aide pour les plus modeste à la rentrée de 2022. Pour le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, "il faut que les minima sociaux, dès le mois prochain, dès le projet de loi de finances rectificative, augmentent également de 10%".

franceinfo : Quelle est la mesure la plus efficace, selon vous, pour que les ménages les plus modestes puissent faire face à l'inflation ?

Christophe Robert : Regardez, par exemple, les coupures d'énergie ou les réductions de puissance d'énergie. Elles ont augmenté sensiblement dans le pays. Donc, on a là un indicateur de fragilité. L'enjeu principal, c'est qu'il faut des mesures d'urgence immédiates. Je pense par exemple au doublement du chèque énergie pour les plus fragiles. Mais il y a des problèmes qui sont durables. Et à ces problèmes durables, il ne va pas simplement falloir faire des chèques, des pansements. Il va falloir des réponses qui permettent durablement aux personnes de sortir de la situation.

Des mesures en particulier sur le logement, premier poste de dépense des Français ?

La première réponse, c'est d'augmenter de 10% les APL. Ces APL ont été malmenées pendant le quinquennat précédent. Elles ont perdu de leur pouvoir solvabilisateur, de leur impact pour les ménages. Et si on y ajoute maintenant une inflation aux alentours de 5%, il faut qu'elles augmentent de 10%. Il faut que les minima sociaux, dès le mois prochain, dès le projet de loi de finances rectificative, augmentent également de 10%. Parce que, écoutez bien le gouvernement quand il parle du projet de loi sur le pouvoir d'achat, jamais il ne parle du logement. Or, c'est le premier poste de dépenses des ménages. On ne peut pas faire un projet de loi sur le pouvoir d'achat sans se préoccuper du premier poste de dépense des ménages.

Mais avec une augmentation des APL, le risque n'est-il pas que les propriétaires en profitent pour augmenter les loyers ?

C'est un faux procès, même économiquement. C'est-à-dire qu'il y a eu un moment dans les années 1990, où les APL ont été ouvertes aux étudiants. A ce moment-là, on a vu des propriétaires qui ont ajusté le niveau des loyers. Mais vous savez, depuis à peu près 10-15 ans, les APL ont évolué beaucoup moins vite que la réalité des loyers et que la réalité des charges. Ça, les propriétaires le savent. Ils voient bien que leurs locataires rencontrent, pour beaucoup d'entre eux, beaucoup de difficultés.

Le gouvernement a annoncé une aide exceptionnelle pour les foyers modestes. Elle sera versée à la rentrée en une seule fois directement sur le compte bancaire de plusieurs millions de personnes. Quel doit être son montant ?

Ça dépend de ce qu'on fait parallèlement. Si on ne fait rien sur les APL, si on n'augmente pas de 10% les APL, si on n'augmente pas les minima sociaux, il faut que ça soit très important. Il faut que ça soit plusieurs centaines d'euros. Mais si on fait ces réponses structurelles, durables d'augmentation des APL, des minima sociaux aussi, pour pouvoir permettre aux gens de vivre dans de bonnes conditions, ce n'est plus la même chose. On ne peut pas régler des problèmes durables avec des chèques ou des pansements ponctuels.

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