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Prix de l'énergie : "On n'a pas répercuté l'entièreté des hausses qui nous sont imposées mais ça ne pourra pas durer bien longtemps", alertent les bouchers

La pénurie de carburant touche la profession des artisans bouchers qui subit déjà les conséquence de l'inflation.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un boucher découpe un morceau de viande dans un marché à Toulouse, le 14 octobre 2022. Photo d'illustration. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

"Il y a des gens qui m'appellent pour me dire qu'ils ont des factures multipliées par dix", déplore mardi 18 octobre sur franceinfo Didier Gouraud, boucher-charcutier en Dordogne et président d’Interbev (Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes) en Nouvelle-Aquitaine. Il réagissait à la pénurie de carburant qui touche la profession mais aussi à l'inflation qui n'est pas sans conséquences pour les artisans bouchers (selon l'Insee, en un an le prix du boeuf a pris 10%, 14,6% pour la volaille). "On n'a pas répercuté l'entièreté des hausses qui nous sont imposées aujourd'hui mais ça ne pourra pas durer bien longtemps", s'inquiète-t-il.

franceinfo : Est-ce que les clients boudent vos commerces ?

Didier Gouraud : Ça dépend ce qu'on appelle fuir. Ce que je leur dis c'est que s'ils achètent un peu moins de viande, dans ce cas il faut l'acheter meilleure, française et de qualité. Il faut que l'acte d'achat quand on achète un bifteck ou du veau ou autre soit un acte militant pour défendre une filière qui en a besoin. Un grand nombre d'agriculteurs cessent leur activité puisqu'on nous prédit un million de vaches en moins dans les années à venir par manque d'agriculteurs donc oui il faut se pencher sur la question et leur donner le juste prix du travail qu'ils ont effectué.

Parmi les causes qui expliquent cette hausse des prix, il y a la baisse des cheptels ?

Il n'y a pas que ce facteur, il y en a tout un tas qui participent à l'augmentation des prix de la viande notamment l'énergie. Il y a des gens qui m'appellent pour me dire qu'ils ont des factures multipliées par 10. Un agriculteur a besoin de ses tracteurs, je vous laisse imaginer l'énergie et l'eau dont un abattoir a besoin, les marchands de bestiaux qui vont chercher les animaux, les marchés qui travaillent moins... Tout le monde a besoin de l'énergie et elle a un coût, sur un produit qui est déjà cher au départ.

Est-ce que vous arrivez à contenir cette hausse malgré tout ?

En tant que boucher, même en contraignant nos marges il y a un moment où il faut quand même qu'on se lève pour gagner notre vie. Même si on peut faire l'effort de serrer les fesses pendant un moment, ça ne pourra pas durer éternellement. On n'a pas répercuté l'entièreté des hausses qui nous sont imposées aujourd'hui mais ça ne pourra pas durer bien longtemps. Ce que je ne comprendrais pas c'est qu'on a fait du quoi qu'il en coûte - qui a quand même maintenu artificiellement un certain nombre d'entreprises - et les laisser tomber maintenant n'aurait pas de sens. Il faut vraiment faire quelque chose sur l'énergie.

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