Obésité : on vit dans une société "obésophobe" et "obésogène", déplore Gabrielle Deydier
Environ 15% de la population européenne souffre d’obésité. En France, un enfant sur cinq serait concerné. Gabrielle Deydier, auteure et elle-même victime d’obésité, dénonce "l’enfer des régimes".
Gabrielle Deydier, fondatrice du webzine Ginette Mag, auteure du livre On ne naît pas grosse en 2017, a souligné vendredi 18 mai sur franceinfo le paradoxe d'une société qui est "à la fois obésogène et obésophobe". L'obésité continue de gagner du terrain en France même si sa progression est en train ralentir. Plus de 15% des adultes et un enfant sur cinq sont concernés par un problème de surpoids, l'Alsace étant la région la plus touchée par l'obésité infantile. En cette journée européenne contre l'obésité, Gabrielle Deydier, invitée de franceinfo et elle-même obèse, a insisté sur l'aspect multifactoriel de la prise de poids, la malbouffe n'étant pas la seule cause. Elle a dénoncé "l'enfer des régimes" qu'elle ne veut plus expérimenter.
franceinfo : L'obésité est-elle un marqueur social ?
Gabrielle Deydier : 26% des personnes au smic sont obèses alors qu'on est 7% chez les personnes qui gagnent 4 000 euros et plus. Si vous superposez les cartes de l'obésité et les cartes de la pauvreté, elles correspondent. Oui, c'est un marqueur social. Un cumul des difficultés. Mais si vous prenez la carte de l'alcoolisme et des antidépresseurs, cela sera exactement la même chose.
Est-il difficile de résister à la malbouffe ?
On vit dans une société qui est totalement paradoxale. Elle est à la fois "obésogène" et "obésophobe". Allez dans les grandes surfaces et allez au rayon des céréales. Le rayon fait 200 m, c'est hallucinant. Les enfants sont particulièrement visés, les paquets sont fluos, il y a des jouets. C'est très étudié.
Comment y échapper ?
Je suis devenue obèse sans tout ça. Je n'ai pas été élevée à la malbouffe, je n'ai pas été élevée aux sodas. J'ai toujours distingué une carotte d'une pâte à tartiner. On est dans un univers où la tentation est partout, mais ce n'est qu'une partie de la question. La prise de poids, l'obésité, c'est multifactoriel, ce n'est pas que d'être entouré d'aliments trop sucrés, trop salés, trop transformés.
L'obsession de la prise de poids peut-elle être nuisible ?
On a aujourd'hui des applications qui visent à regarder tout ce qu'on mange. On scanne pour savoir si c'est trop gras, trop sucré... Ça peut vous dire que votre paquet de biscottes est super sain mais qu'autre chose ne l'est pas. [Ce qui compte en réalité], c'est la fréquence avec laquelle on les consomme et pas si on les consomme une fois de temps en temps. Ces applications rendent les gens dépendants à ce qu'il y a dans leur assiette. Il ne faut pas partir dans des comportements déviants qui peuvent être l'orthorexie par exemple [obsession de l'alimentation saine].
Quelle est votre expérience en matière de régime ?
Si je n'avais pas fait mon premier régime pour perdre 10 kg, je n'aurais pas atteint 150 kg à 35 ans. La première fois que j'ai fait un régime, je faisais 65 kg, je voulais en perdre dix. Après, surviennent les mauvais diagnostics des hormones et puis après, l'enfer des régimes, des troubles du comportement liés à ces régimes restrictifs. Les régimes ? Même pas en rêve !
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