Nestlé détruit "par précaution" des bouteilles de Perrier : " On a quand même l'impression de recevoir les informations au compte-gouttes", déplore Foodwatch

La directrice de l'information de Foodwatch, Ingrid Kragl était invitée sur franceinfo, mercredi.
Article rédigé par franceinfo
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Ingrid Kragl, directrice de l’information à Foodwatch. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Depuis le début, on a quand même l'impression de recevoir les informations au compte-gouttes", déplore, mercredi 24 avril, sur franceinfo Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch alors que Nestlé a détruit une partie de sa production d'eau en bouteille Perrier après avoir constaté une dégradation de la qualité de l'eau dans l'un de ses puits du Gard. "Plusieurs lots de bouteilles", soit l'équivalent de "plusieurs centaines de palettes" ont été détruits "par précaution", explique le groupe international.

"C'est un peu par obligation, puisque c'est une décision du préfet. Ce n'est pas tellement une fleur que Nestlé fait aux consommateurs", a expliqué Ingrid Kragl. Le préfet du Gard avait mis en demeure le 19 avril le groupe de "suspendre sans délai" l'exploitation d'un de ses captages d'eau à Vergèze alors qu'une note de l'Anses mettait en garde contre la qualité des eaux.

"Une opacité assez scandaleuse"

En effet, selon des informations révélées par franceinfo le 4 avril, une note de l'Anses remise au gouvernement en octobre indiquait que la qualité sanitaire des eaux du groupe Nestlé, Hépar, Perrier, Vittel, Contrex, n'était "pas garantie". Les experts évoquent un "niveau de confiance insuffisant" pour assurer "la qualité sanitaire des produits finis".

"L'information nous parvient au fil de l'eau. Dans toute cette histoire, les consommateurs sont maintenus dans une opacité assez scandaleuse", estime la directrice de l’information à Foodwatch. L'ONG a porté plainte contre le groupe Nestlé après avoir constaté des infractions : "Depuis le début, Nestlé ne respecte pas la directive européenne. Il est très clair dans la directive que dès lors qu'il y a une contamination ou une pollution sur les eaux, il est absolument interdit de les mettre en bouteille et même de les commercialiser. Or, ce n'est pas ce qui s'est passé du tout", a-t-elle déploré.

"La France va devoir s'expliquer"

"Le gouvernement français, dans toute cette affaire, continue de se terrer dans un certain silence", constate-t-elle. Sauf que Foodwatch a interpellé la Commission européenne. " Elle a pris les choses très au sérieux. Elle a diligenté une enquête, un audit", explique Ingrid Kragl. Le rapport qui sera rendu public dans quelques semaines "nous révélera enfin les dysfonctionnements derrière ce scandale" dit-elle.

"La France va devoir s'expliquer et on espère qu'à un moment le gouvernement va communiquer auprès des citoyens", dit-elle. Une réunion est prévue avec les autres États membres le 30 avril prochain. "Comment se fait-il que toutes les eaux frauduleuses finalement n'aient pas été rappelées, exclues du marché depuis le début", s'interroge Ingrid Kragl.

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