Liquidation de Camaïeu : "L'Etat va accompagner, l'un après l'autre, les salariés", promet le ministre de l'Industrie
Roland Lescure exprime sur France Bleu Nord sa "déception" après la décision du tribunal de commerce de Lille et assure que l'Etat "accompagnera les actionnaires" qui veulent s'engager dans une "logique de reprise".
"L'Etat va continuer à faire son travail et accompagner, l'un après l'autre, les salariés", a promis jeudi 29 septembre sur France Bleu Nord le ministre délégué à l'Industrie, après le placement en liquidation de l'enseigne de prêt-à-porter nordiste Camaïeu. L'activité de l'entreprise sera maintenue "jusqu'à samedi à 23 heures", a précisé ce mercredi le tribunal de commerce de Lille. Ensuite, les 511 magasins seront fermés et les 2 600 emplois supprimés. "On ne peut pas engager de l'argent public sur une idée", s'est défendu le ministre, qui assure que l'Etat est "prêt" à "accompagner des actionnaires qui se mouillent dans une logique de reprise".
France Bleu Nord : Quelle est votre première réaction à l'annonce de ce placement en liquidation judiciaire ?
Roland Lescure : C'est une grande déception. À chaque liquidation judiciaire, nous sommes extrêmement déçus. On pense aux salariés, en l'occurrence aux 2 500 employés dont 1 000 à Roubaix. C'est une marque emblématique qui a été connue de toutes les Françaises et tous les Français. Oui, c'est un drame. L'histoire n'est pas terminée mais c'est une grande déception.
Pourquoi l'Etat n'a-t-il pas voulu sauver Camaïeu ?
L'Etat accompagne Camaïeu depuis des années. Depuis la pandémie de Covid-19, c'est quarante millions d'euros qui ont été apportés par l'Etat à Camaïeu sous la forme de subventions et de prêts. Autrement dit, depuis la reprise de l'entreprise par le nouvel actionnaire en 2020, c'est plus de 40 millions d'argent public qui ont été apportés. Dans le cadre de ce processus de redressement, qui a été lancé extrêmement tard, l'actionnaire actuel demandait à l'Etat 48 millions d'euros de plus pour un engagement de l'actionnaire de cinq millions, c'est-à-dire un engagement déséquilibré dans lequel l'Etat prenait l'essentiel du risque. On se retrouvait donc avec beaucoup d'argent public face à un engagement de l'actionnaire insuffisant. Je ne peux pas engager 70 millions d'euros d'argent public sans avoir un plan d'affaire crédible, sérieux, complet. On sait que Camaïeu était dans une situation difficile. Il aurait fallu qu'on ait des informations plus sérieuses sur la manière dont l'actionnaire comptait redresser l'entreprise. On ne peut pas engager de l'argent public sur une idée.
Que faut-il faire désormais ?
On va s'occuper des salariés. Le ministère du Travail va les accompagner et nous espérons qu'un certain nombre d'actifs vont être repris afin de pouvoir reprendre des salariés. L'histoire ne se termine pas aujourd'hui. C'est évidemment un événement triste, difficile, mais il faut trouver des solutions pour chacun des salariés concernés. Nous ne les abandonnons pas. L'Etat va continuer à faire son travail et accompagner, l'un après l'autre, les salariés. L'Etat n'a pas vocation à nationaliser Camaïeu. Nous sommes prêts à accompagner des actionnaires dans une logique de reprise d'activité crédible dans laquelle les actionnaires se mouillent.
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