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Le groupe chimique Kem One placé en redressement judiciaire

Le tribunal de commerce de Lyon a placé Kem One en redressement judiciaire mercredi, soit huit mois à peine après le rachat par un Américain de ce groupe spécialisé dans le PVC. Des experts judiciaires vont se pencher sur la mystérieuse dégradation de ses comptes. Le ministre Arnaud Montebourg se dit à la recherche de solutions pour sauver la filière. "La France, dit-il, n'a aucune raison d'importer son PVC".
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Maxppp)

C'est l'histoire d'un ratage industriel : le placement en redressemment judiciaire d'un groupe créé il y a moins d'un an. L'Américain Gary Klesch a en effet racheté en juillet dernier le pôle vinylique du groupe français Arkema, pour créer Kem One, 2.600 salariés dans 10 pays, dont 1.800 en France.

En ordonnant mercredi un placement en redressement judiciaire, le tribunal de commerce de Lyon a fixé la durée d'observation de l'entreprise à six mois, soit le maximum dans ce genre de procédure.

Il a confié son "administration entière" à l'administrateur judiciaire, Me Bruno Sapin, ce qui revient à écarter Gary Klesch. Mesure conforme à la demande des syndicats du groupe qui clament ne plus avoir confiance en l'Américain. 

D'1,1 milliard de CA à la cessation de paiement

Les organisations syndicales en effet soupçonnent le patron et unique actionnaire de Kem One d'avoir siphonné une partie des 100 millions de trésorerie accordés par Arkema au moment de la vente de sa branche PVC, via une filiale à Jersey. Les comptes en effet sont en piteux état depuis quelques mois, alors que le chiffre d'affaires réalisé par cette branche de PVC (quand elle appartenait à Arkema) en 2011 s'établissait à 1,1 milliard d'euros, selon le site du groupe.  

Gary Klesch lui a une toute autre version de l'histoire. Il estime avoir été trompé par Arkema, au moment du rachat, sur l'état des finances d'alors. Il avait d'ailleurs annoncé au début du mois qu'il poursuivrait le groupe français devant la justice et réclamerait 310 millions de dommages et intérêts. 

Éviter "un effet domino"

Le tribunal de commerce doit se réunir à nouveau le 9 avril. En attendant, l'intersyndicale promet des "actions " dans les prochains jour. Ce qu'elle souhaite ? Repartir à zéro en ramenant les usines de Kem One dans le giron d'Arkema. Même le groupe chimiste français a indiqué mardi que cette reprise n'était "pas à l'ordre du jour ". 

Les syndicats insistent surtout sur l'intérêt de sauver les meubles pour éviter "un effet domino ". La fabrique de PVC nécessite en effet deux matières premières, dont l'éthylène provenant d'usines de Martigues et Berre, elles-mêmes alimentées par les raffineries voisines. Et à l'autre bout de la chaîne, ce PVC entre dans la composition de profilés de voitures ou de fenêtres, ou encore dans la fabrication des pneus Michelin, etc.

"La France n'a aucune raison d'importer son PVC" (Montebourg)

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, mercredi s'est dit conscient de "cette imbrication des productions "  et a indiqué qu'il allait travailler avec la filière chimique pour "trouver des solutions pour assurer l'avenir de la chimie vinylique, cette matière bien connue, le PVC. La France n'a aucune raison d'importer son PVC ! ".

Selon les syndicats, ce ne sont donc pas seulement les 1.800 emplois de Kem One qui sont menacés, mais 25.000 en tout dans la pétrochimie et l'industrie. Un chiffre qui parle alors que le chômage atteint encore une fois des sommets. 

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