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Interdiction de la pub pour les voitures polluantes : les députés peuvent "trouver des compromis", selon Matthieu Orphelin

Le député LREM Mathieu Orphelin, à la tête du combat pour interdire la publicité pour les voitures à moteurs thermique qui polluent le plus, défend sur franceinfo un amendement déposé en ce sens, discuté ce mardi à l'Assemblée nationale.

Article rédigé par franceinfo
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Selon Mathieu Orphelin, la mode des SUV a fait perdre "dix ans de progrès technique" en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)

Des députés proposent d'interdire les publicités pour les voitures à moteur thermique qui polluent le plus. Un amendement à la loi d'orientation des mobilités sera discuté dans ce sens mardi 11 juin à l'Assemblée nationale. Matthieu Orphelin, député ex-LREM du Maine-et-Loire, qui est à la tête de ce combat, explique sur franceinfo qu'il voulait "recentrer les publicités vers les véhicules les moins émetteurs de gaz à effet de serre". Il admet que l'amendement est "très ambitieux", mais assure que les députés peuvent "trouver des compromis", notamment en réservant la publicité aux "voitures qui émettent moins de 120 grammes de CO2 par kilomètre".

franceinfo : Pourquoi déposer cet amendement ?

Matthieu Orphelin : Ce n'est pas, comme certains ont caricaturé, interdire la pub pour toutes les voitures. C'est mettre en débat cette idée toute simple : comment on peut mieux recentrer la publicité pour les voitures sur les véhicules les moins polluants ? Parce qu'aujourd'hui, la publicité pour les voitures, c'est 3 milliards et demi de dépenses chaque année, rien que dans le pays et on continue à voir des absurdités. J'ai vu ce week-end une pub pour un pick-up d'une grande marque allemande, ces voitures énormes. Elle consommait 8 litres aux 100, elle pesait deux tonnes et demie, plus de 5 mètres de long et s'était présentée comme la parfaite voiture citadine et familiale, la parfaite voiture pour rouler en ville. Il faut être sérieux. Donc, comment on arrive à faire qu'effectivement et progressivement, on recentre les publicités vers les véhicules les plus sobres, les moins consommateurs d'énergie, les moins émetteurs de gaz à effet de serre ? Il faut qu'on arrive à cette transformation de l'industrie automobile et qu'évidemment, la publicité est un levier très important.

Voulez-vous du coup interdire la publicité pour les voitures qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre ?

On voulait ouvrir le débat. C'est ce qui va se passer à l'Assemblée nationale tout à l'heure. L'amendement que j'ai proposé est un amendement très ambitieux pour que la pub soit recentrée sur les véhicules, par exemple, hybride ou les véhicules électriques ou à hydrogène. Mais on peut trouver des compromis. Par exemple, dire que dans un premier temps, ce sont les voitures qui émettent moins de 120 grammes de CO2 par kilomètre et sur lequel on peut faire de la publicité. Les voitures qui sont de plus en plus achetées, les 4/4, les pick-up, les SUV, ces voitures à l'allure sport, posent un vrai problème parce qu'elles ont fait repartir les émissions de gaz à effet de serre à la hausse depuis deux ans. Rien qu'avec cet effet de mode pour ces véhicules SUV, on a perdu l'équivalent de plus d'une décennie de progrès technique. C'est complètement aberrant.

Mais il faut que le marché de la voiture électrique suive. Ce qui n'est pas le cas pour l'instant...

Il y a de plus en plus de gens qui se tournent vers des motorisations alternatives. On voit notamment que trois quarts des véhicules électriques sont aujourd'hui vendus à des citoyens qui habitent en zone rurale et c'est normal parce que c'est en zone rurale qu'on fait le plus de kilomètres et donc, c'est là que c'est le plus rentable. Maintenant l'offre neuve est assez onéreuse mais il y a des offres de voitures électriques d'occasion qui se mettent en œuvre. Et on n'est pas encore au bout. Il faut qu'on trouve des moyens d'accompagner tous les citoyens vers ce changement de véhicule, vers des véhicules plus propres, électriques, hybrides, pourquoi pas demain hydrogène. En tout cas, très faiblement consommateurs d'énergie. Il faut qu'on réussisse ce mouvement-là, qui est bénéfique aussi pour le porte-monnaie des gens. On doit soutenir notre industrie automobile dans cette conversion vers des véhicules moins consommateurs.

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