Cet article date de plus de cinq ans.

"J’ai réussi à convaincre mes salariés que ça allait être plus simple" : des chefs d'entreprises redoutent l'enterrement du prélèvement à la source

Dans les jours qui viennent, l'exécutif doit donner ou pas son feu vert pour le prélèvement des impôts sur les salaires en janvier prochain. Une incertitude alors que des entreprises ont joué le jeu et motivé leur personnel. 

Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le prélèvement des impôts à la source au 1er janvier 2019 n'est pas encore décidé (illustration).  (SYLVIE CAMBON / MAXPPP)

Une réunion est prévue à l'Elysée, mardi 4 septembre, pour décider du sort du prélèvement des impôts à la source. La décision est attendue par les entreprises qui se sont préparées aux changements sur la gestion des salaires. Certaines, grandes ou petites, ont investi en temps et en argent, sans savoir si la préparation sera utile.

Marie Rivenez à la tête d'une entreprise de grossiste en viande.   (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

Marie Rivenez, grossiste en viande, est à la tête d'une entreprise de 70 salariés à Rungis (Val-de-Marne). Chez elle, le nouveau dispositif pour collecter les impôts a été anticipé. Le prestataire qu'elle utilise pour l'édition les bulletins de salaires a réalisé des tests préparatoires. Surtout, les employés ont été ambiancés. Marie Rivenez a organisé des réunions, explique-t-elle, avec différentes catégories de  salariés, en présence d'un avocat et du prestataire de paie, afin de répondre aux interrogations. L'objectif était aussi de "préparer psychologiquement" le personnel, à percevoir, à partir de 2019, un salaire moins important que d'habitude. 

On risquait d’avoir des salariés qui viennent nous voir, pensant que l’on avait oublié d’en verser une partie.

Marie Rivenez, chef d'entreprise

à franceinfo

La chef d'entreprise a pris soin d'organiser ces réunions fin juin, pour que ses salariés, souligne-t-elle, partent en vacances l'esprit plus tranquille.

Benoît Serre, directeur des ressources humaines à la Macif. (ISABELLE RAYMOND / RADIO FRANCE)

Du côté de la Macif, qui emploie quelque 10 000 salariés, le service des ressources humaines de l'assureur, épaulé par cinq informaticiens, a été mis à contribution depuis début 2018. Il a fallu assurer la formation du personnel et l'adaptation du logiciel de paie. Selon le directeur des ressources humaines, Benoît Serre, la mise en place de la réforme, si elle arrive à son terme, aura coûté environ 250 000 euros. Une sensibilisation au changement, très concrète, a également été prévue, pour que les salariés ne soient pas surpris, en janvier prochain, par une rémunération inférieure.

Dès octobre, on a la possibilité d’éditer le montant net du salaire et le montant net qu’ils toucheront en janvier au regard de la réforme prévue.

Benoît Serre, DRH à la Macif

à franceinfo

Tout est prêt, mais le DRH de la Macif ne sait plus s'il doit désormais parler du prélèvement à la source au passé ou au présent. L'incertitude c'est ce qu'il y a de pire, selon lui, pour les chefs d'entreprise.

Face au doute sur l'avenir du prélèvement à la source, Marie Rivenez est sur la même longueur d'onde, parce que, dit-elle, ce n’était pas simple de préparer le basculement. "Là, on est prêts pour le faire. On a même envie que ça se fasse, lance-t-elle. J’ai réussi à convaincre mes salariés que ça allait être plus simple, donc il ne faut pas qu’on revienne en arrière." La chef d'entreprise redoute que ses salariés soient "perdus". "Moi, je vais avoir du mal à dialoguer avec eux. Ils vont s’interroger sur ma crédibilité en tant que chef d’entreprise. Ça va être source de conflit pour rien", juge-t-elle. Comme le DRH de la Macif, elle pense que quoique décide finalement Emmanuel Macron, ce moment de flottement laissera des traces. Avec des complications à gérer pour les chefs d'entreprise et l'encadrement...

Des chefs d'entreprises redoutent l'enterrement du prélèvement à la source - reportage d'Isabelle Raymond

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.