Droit à l'erreur : "On veut faire croire à chaque fois qu'on tient la réforme magique", réagit le syndicat FSU
Le gouvernement présente lundi son projet de loi sur le droit à l'erreur. Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, premier syndicat de fonctionnaires, se dit favorable à des évolutions mais veut regarder "le texte de près".
Le Conseil des ministres va examiner lundi 27 novembre le projet de loi sur le droit à l'erreur et la simplification des démarches administratives. Invitée de franceinfo lundi, Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, premier syndicat de fonctionnaires, se dit favorable à une évolution de l'administration mais veut "regarder le texte de près". Elle espère que cette mesure ne va pas mener à "une suppression d'emplois". Elle réclame une "concertation large"
franceinfo : Y a-t-il urgence à changer de philosophie entre administration et administrés ?
Bernadette Groison : Je ne sais pas s'il y a urgence, je ne crois pas qu'il faille généraliser pour autant. Bien évidemment, l'administration doit poursuivre son évolution pour mieux entendre ce que disent les usagers, pour fonctionner mieux. C'est le principe de la fonction publique de s'adapter en permanence. Aujourd'hui, il faut aussi réfléchir à ce que l'on peut améliorer et faire fonctionner autrement. Je croyais d'ailleurs que le gouvernement avait ouvert une concertation avec les usagers comme avec les agents de la fonction publique, pour entendre ce qui se dit sur le terrain, pour voir comment faire évoluer cette administration. Mais je remarque que le projet de loi est déjà fait. Nous, ce que nous attendons, c'est un développement des services aux publics car les usagers, généralement, se plaignent du manque de proximité des services. Nous demandons à regarder comment on rend mieux les services, partout, sur l'ensemble du territoire.
Comme le dit le gouvernement, l'administration doit faire preuve de plus de bienveillance à l'égard des usagers ?
Il y a très certainement besoin de plus de relations humaines et de plus de médiation, à un moment où tous les usagers ne maîtrisent pas forcément l'outil informatique de la même manière. D'ailleurs, je mets en garde le gouvernement. Certes, l'outil numérique doit être certainement mieux et plus utilisé, mais il y a besoin de médiation, de fonctionnaires pour accompagner les usagers avec cet outil informatique. De la bienveillance ? Je crois que c'est ce que font les fonctionnaires, globalement, tous les jours. Mais en regardant en fonction des différents publics, des évolutions, il faut voir comment on peut accompagner encore plus les usagers dans leurs démarches. Ce droit à l'erreur, il faudra le regarder de près.
Le gouvernement annonce une enveloppe d'un milliard et demi d'euros sur le quinquennat pour former les fonctionnaires à ce changement de philosophie, cela vous satisfait-il ?
Former, c'est une urgence, car nous demandons nous-mêmes un plan de formation pour tous les agents de la fonction publique. Après, il faudra regarder quel est l'outil et comment il est défini. J'ai entendu Gérald Darmanin [ministre de l'Action et des Comptes publics ]dire que cet outil devait amener à moins d'agents, à moins de services. Nous le savons, d'ailleurs, avec l'objectif des 120 000 suppressions d'emplois dans la fonction publique. Si c'est débloquer de l'argent pour qu'il y ait moins de fonctionnaires et de services publics sur l'ensemble du territoire, évidemment que cela ne va pas nous satisfaire. Nous voulons qu'il y ait une concertation large. On a la fâcheuse manie de faire croire à chaque fois qu'on tient la réforme magique comme si l'administration n'évoluait pas, comme si les agents étaient ringards et fonctionnaient simplement au crayon à papier. Or tout cela est faux. L'administration a déjà évolué, elle est déjà mieux en phase. Peut-être qu'on ne pose pas toujours les bonnes questions, peut-être qu'on veut faire un peu trop de com et pas assez de changement de fond.
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