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Marseille : des travaux lancés à proximité d'un site archéologique font polémique

La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a décidé, mardi 1er août, de classer 650 mètres carrés de cet espace prévu à la construction. Pourtant, une pelleteuse était présente sur le site mercredi.

Article rédigé par franceinfo - Hugo Cailloux
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Cette carrière grecque, ici le 22 juin 2017, date du Ve siècle avant JC. Elle a été classée aux monuments historiques par le gouvernement, après la mobilisation des riverains, le 1er aout 2017. (CITIZENSIDE/HUGO LARA / CITIZENSIDE)

Les riverains sont en colère. Une pelleteuse et des ouvriers ont été aperçus sur un site en partie classé dans le centre de Marseille, mercredi 2 août, suscitant la colère des associations de riverains. Alors qu'un immeuble de huit étages doit être construit sur cette zone, à deux pas du Vieux-Port, des recherches archéologiques ont mis au jour, entre octobre 2016 et juin 2017, une carrière grecque datant du Ve siècle avant JC. 

Cette découverte a entraîné la suspension des travaux et plus aucun engin de chantier n'a arpenté les lieux depuis la découverte, selon Guy Coja, secrétaire du comité d'intérêt de quartier. Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (Les Républicains) a de son côté dit qu'il tenait à cette construction "pour assurer l'avenir économique de cette ville".

Pourtant, mercredi 2 août, une pelleteuse d'une filiale de Vinci immobilier est arrivée sur les lieux. Les ouvriers auraient creusé un trou dans une zone qui n'a pas encore été fouillée. "Les travaux ne devaient pas reprendre avant septembre et la table ronde évoquée par la ministre", déplore Guy Coja, contacté par franceinfo. "La position de l'Etat est une position d'équilibre entre la nécessaire préservation du patrimoine et le non moins nécessaire aménagement du territoire", avait déclaré, samedi, la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, au journal La Provence, ajoutant que le site découvert était "exceptionnel"

Suivant l'avis de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), la ministre a décidé de protéger une partie du site : 650 m2 (sur les 6 500 m2 totaux) seront classés comme monuments historiques et une servitude sera établie pour permettre au public d'y accéder en permanence.

Des colonnes grecques inédites sur le site

Qui a ordonné la reprise des travaux ? Contactée par franceinfo, la mairie de Marseille botte en touche et renvoie à la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). "C'est à l'Etat de prendre ce genre de décision", affirme-t-on à la mairie. "La présence des pelleteuses s'explique par le besoin de recouvrir une partie des vestiges pour les protéger pendant les travaux", explique-t-on à la Drac. 

"C'est vrai, confirme Guy Coja, mais il y a aussi une pelleteuse qui commence à dégager un terrain sur lequel on demande la mise en place de fouilles." Le militant associatif déplore également la destruction probable d'une zone où des colonnes grecques ont été retrouvées. Il s'appuie sur une carte des travaux, diffusée sur Twitter.

"Il n'y a [...] pas de coup de force de l'aménageur qui est respectueux du patrimoine", s'est défendu Xavier Delestre, conservateur régional de l’archéologie, dans des propos rapportés par un journaliste de La Marseillaise.

Mais un autre sujet fait enrager Guy Coja : la présence de colonnes grecques dans des zones destinées aux travaux. "Aucune colonne grecque n'a jamais été retrouvée à Marseille, affirme-t-il. Nous réfléchissons donc à une l'éventualité d'une action en justice pour faire arrêter les travaux, car c'est l'Etat qui est décisionnaire." Une réunion est prévue jeudi entre les associations et la préfecture pour faire le point.

En attendant, plusieurs élus, dont le député de la circonscription voisine, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), se sont engagés aux côtés des associations de riverains, qui réclament la préservation du site. L'ancien candidat à l'élection présidentielle a réagi sur son compte Facebook.

"Tous les architectes que nous avons consultés assurent que les travaux vont empiéter sur le site classé", souffle Guy Coja. Les associations demandent un arrêt des travaux, la poursuite des fouilles, la révision du permis de construire et la tenue d'une table ronde entre le promoteur, les associations, la mairie et des architectes. Contactés par franceinfo, l'entreprise en charge des travaux et le promoteur Vinci immobilier n'ont pas répondu à nos sollicitations.

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