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Logement : "Des erreurs en pagaille" dans les diagnostics de performance énergétique, selon 60 millions de consommateurs

D'après une enquête menée par l'association de consommateurs, un même logement peut être évalué de façon différente en fonction du diagnostiqueur.

Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un expert certifié réalise un diagnostique de performance énergétique (DPE) dans un logement à Rennes. Photo d'illustration. (DAVID ADEMAS / MAXPPP)

Alors que les logements au plus mauvais diagnostic de performance énergétique seront progressivement impossible à louer dès 2023, la fiabilité même de ces DPE, qui classent les logements de A à G, est remise en question. Dans une enquête publiée mardi 24 mai que franceinfo a pu consulter, l'association 60 millions de consommateurs relève "des erreurs en pagaille". Un même logement peut être évalué de façon différente en fonction du diagnostiqueur.

>> Immobilier : quand la future interdiction de la location des passoires énergétiques "bloque le marché"

Dans l'enquête de 60 millions de consommateurs, une maison située à Corbeil-Essonnes (Essonne) a par exemple recueilli trois notes différentes, C, D ou E, en fonction du professionnel qui l'a évaluée. Deux d'entre eux se sont trompé sur sa date de construction et sur sa superficie en lui rajoutant 25 m². Ces erreurs sur la superficie c'"est embêtant puisque le diagnostic est fait à partir de mètres carrés. Si vous en mettez plus, vous allez avoir une note plus favorable", explique sur franceinfo Fanny Guibert, journaliste cheffe de la rubrique énergie chez 60 Millions de consommateurs.

L'association a testé ainsi quatre maisons à vendre en les faisant chacune examiner par cinq diagnostiqueurs différents. Alors que chaque propriétaire aurait dû recevoir cinq fois le même résultat, les professionnels ont parfois oublié des portes, des fenêtres, ou mal pris en compte des ventilations, des pompes à chaleur ou encore des travaux d'isolation. Fanny Guibert pointe la diversification des modes de chauffage, qui peut compliquer le diagnostic. "Quand vous avez des logements avec une partie chauffée par un insert [à bois], une poêle à bois, un radiateur électrique, avec éventuellement une pompe à chaleur etc. ça peut être des choses un peu plus compliquées", détaille la journaliste.

Les "passoires énergétiques" interdites à la location

Cela peut donc tout changer ces prochains mois pour les propriétaires concernés par la loi Climat et résilience. En effet, dès le mois de septembre prochain, les loyers seront gelés pour les logements dits "passoires énergétiques" des classes F et G.

Ensuite, les logements dont la consommation excède 450 kWh/m² par an, ce qui concerne environ 70 000 logements dans le parc privé, seront interdits à la location. Les 600 000 logements classés G (>420KWh/m².an) seront eux retirés du marché à partir de 2025. En 2028, ce sera au tour des 1,2 million de logements classés F puis, en 2034, aux 2,6 millions de logement classés E de ne plus pouvoir être mis en location. "Si vous voulez les vendre les logements F et G, vous devrez faire un audit énergétique, donc un document qui vous engage à faire des travaux", explique Fanny Guibert. "Si vous avez une très bonne note et que l'acheteur s'aperçoit après qu'elle était surévaluée, il peut y avoir des poursuites", contre le vendeur et le diagnostiqueur, rappelle-t-elle. 

"Nous demandons qu'il y ait plus de formation pour les diagnostiqueurs (…) il n'y en a pas assez qui ont bien fait leur boulot", conclut la journaliste qui suggère notamment aux artisans de venir "à deux" pour passer plus de temps à réaliser le diagnostic. 

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