#OnVousRépond Rénovation thermique des bâtiments, DPE, MaPrimeRénov' : quels travaux, quelles aides ? On a répondu à vos questions

Danyel Dubreuil et Isabelle Gasquet, tous deux experts efficacité énergétique au CLER-Réseau pour la transition énergétique, ont répondu aux auditeurs de franceinfo.
Article rédigé par Lou Inès Bes
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6 min
Des ouvriers travaillent sur un chantier d'isolation par l'extérieur d'une maison d'habitation individuelle. Ils posent des panneaux isolants en plaque de polystyrène, à Valence (Drôme), le 6 septembre 2023. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS)

Rénovation thermique des bâtiments : quels travaux engager ? Comment bénéficier des aides ? Alors que l'enveloppe allouée à MaPrimeRenov' se réduit, qu’un nouveau DPE (diagnostic de performance énergétique) est annoncé, "L'Empreinte Carbon(n)e" vous a donné la parole, mercredi 28 février sur franceinfo. Comment s'y retrouver dans ces changements ? Quelles rénovations prévoyez-vous pour améliorer l’isolation de votre logement ? Voici une synthèse de vos questions, et les réponses de Danyel Dubreuil et Isabelle Gasquet, tous deux experts efficacité énergétique au CLER-Réseau pour la transition énergétique.

Comment bien se faire conseiller avant d'entamer des travaux de rénovation thermique ?

Il faut en premier lieu faire un diagnostic de l'état de son logement, diagnostic de performance énergétique (DPE) ou audit thermique. C'est une étape obligatoire pour demander une aide MaPrimeRenov'. "Aujourd'hui, le diagnostic de performance énergétique (DPE) doit être assorti d'une préconisation de travaux", explique Danyel Dubreuil, coordinateur de Rénovons, expert efficacité énergétique au CLER-Réseau pour la transition énergétique. Le diagnostiqueur doit poser les premiers jalons et donner des conseils sur les éléments d'amélioration possibles pour le logement.

Pour aller plus loin, il est également possible de réaliser un audit thermique. Cet audit est effectué par des techniciens spécialisés qui sont à chercher auprès de bureaux d'études. Avec le DPE et un audit thermique, on obtient "une vue complète et détaillée, avec des conseils précis d'amélioration qui vont permettre de réaliser des interventions qui seront bonnes pour le logement, bonnes pour les factures énergétiques et bonnes pour le confort des habitants."

Dans tous les cas, la première étape est de s'adresser à France Rénov', le service public de la rénovation de l'habitat piloté par l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Ses conseillers vous aiguilleront entre MaPrimeRénov' (pour changer de système de chauffage ou d’eau chaude), MaPrimeRénov' Parcours accompagné (pour des rénovations plus importantes) et MaPrimeRénov' Copropriété (pour les travaux sur les parties communes d'une copropriété ou sur certaines des parties privatives : voir plus bas).

 "L'accompagnement est très important, car on n'est pas technicien ou thermicien, on a besoin d'être conseillé par des spécialistes", rappelle Danyel Dubreuil. Depuis le 1er janvier 2024, MonAccompagnateurRénov' est d'ailleurs obligatoire pour les rénovations financées avec MaPrimeRénov' et Loc'Avantages Travaux. Il s'agit d'un professionnel chargé d'assister les particuliers dans leur projet de travaux de rénovation énergétique.

Système de chauffage, fenêtre, toiture... par quoi commencer ?

Avant d'engager toute dépense ou d'imaginer tout projet, les experts rappellent la nécessité de bien se faire conseiller, notamment en se rapprochant des conseillers France Rénov. Il y a une certaine logique à respecter pour atteindre une meilleure performance énergétique. "C'est pour cela que l'on ne conseille pas de geste isolé, mais plutôt un parcours de travaux à réaliser qui comprend, par exemple, deux 'gestes' d'isolation", décrit Isabelle Gasquet, responsable de projet efficacité énergétique au CLER-Réseau. L'idée étant de travailler d'abord sur la consommation totale du bâtiment (isolation et ventilation) puis de s'attaquer aux ouvrants et aux systèmes de chauffage adaptés.

Les experts alertent ainsi sur le fait que le changement du système de chauffage, le plus aidé par les dispositifs MaPrimeRénov, ne doit pas être systématiquement une priorité. Cet investissement (important) est davantage utile pour une maison déjà bien isolée que pour un logement dit "passoire thermique" où il y a d'autres gros problèmes. Dans tous les cas, les conseils France Rénov' seront le préambule indispensable, insiste Danyel Dubreuil. "Ce sera du conseil cousu main neutre, adapté à votre logement, à vos capacités financières et à votre besoin, et avec des travaux qui s'inscriront dans un parcours logique de rénovation complète. On ne peut pas changer les fenêtres avant de faire l'isolation, par exemple."

Un dossier monté avant les changements annoncés est-il encore valide ou faut-il recommencer les démarches ?

"On a demandé à ce que les barèmes ne soient pas modifiés pour que les projections financières de chaque dossier ne bougent pas", répond Danyel Dubreuil, mais le détail de la réduction du montant des aides annoncées par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire n'est pas connu à ce stade. "En revanche, on sait que la baisse annoncée n'aura pas d'impact pour les dossiers en cours, car le budget de l'Agence nationale de l’habitat (Anah) va quand même être en augmentation", précise Isabelle Gasquet. Il n'est pas possible de donner une réponse pour les dossiers à venir.

Comment procéder en copropriété ? Quel est le montant des aides selon les copropriétés ? 

Les premières démarches sont identiques à un logement individuel, sauf qu'elles sont engagées collectivement, avec un seul dossier de demande d'aides déposé par le syndic de copropriété. L'aide MaPrimeRénov’ Copropriété finance 30% ou 45% du montant des travaux, en fonction du gain énergétique. Il est nécessaire de commencer par une étude de base, en passant là encore par France Rénov'. Celles-ci sont obligatoires pour les copropriétés de plus de cinquante lots et elles comprennent un diagnostic thermique global (DTG) et un plan pluriannuel de travaux. À partir du 1er janvier 2025, le DTG deviendra obligatoire pour toutes les copropriétés. "Pour ce faire, il y a des aides locales. Par exemple, la Métropole du Grand Paris offre 5 000 euros d'aide de base à la réalisation de ces audits, explique Danyel Dubreuil. Mais il faut quand même passer par un espace conseil France Rénov' auparavant."

Une fois les travaux votés en assemblée générale des copropriétaires, il faut se faire accompagner par un opérateur d'assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO). Les travaux concernent les parties communes (par exemple, l'isolation des murs par l'extérieur ou l'isolation de la toiture) ou "les parties privatives déclarées d'intérêt collectif" de la copropriété (par exemple le changement de l'ensemble des portes et fenêtres de l'immeuble).

À quel niveau de revenus s'arrêtent les aides ?

Les aides sont progressives pour arriver à ce que toutes les personnes qui en ont besoin rénovent leur logement. "Globalement, d'ici 2050, il faut rénover au-delà de 90% du parc, explique Danyel Dubreuil. On commence par les 'passoires énergétiques', en mettant l'accent sur le fait que tout le monde a droit à une rénovation énergétique de qualité." 

"Il y a une double progressivité poursuit Danyel Dubreuil. Moins les gens ont de moyens, plus ils sont aidés. Mais tout le monde est aidé, aujourd'hui, sauf les deux derniers déciles de revenus". Soit les revenus les plus élevés. Pour ceux-là, estime Danyel Dubreuil, "ce n'est pas la condition d'aide qui les fait passer à l'acte, car ils ont bien d'autres moyens de passer à l'acte". Un guide des aides financières 2024 a été publié le 15 février par France Rénov' : il donne les plafonds de ressources, le détail des aides, les montants des aides, les conditions d'obtention... 

Les maisons secondaires sont-elles concernées par les aides ?

MaPrimeRénov' et MaPrimeRénov Copropriété ne concernent que les résidences principales. "C'est une question d'équité face aux ressources publiques", précise Danyel Dubreuil. L'expert en efficacité énergétique au CLER-Réseau conseille cependant de réaliser les études nécessaires pour entamer les rénovations lorsque le logement deviendra une résidence principale lors de la retraite notamment. "Il y a un véritable enjeu de maintien du confort et de la santé dans ces nouveaux logements" dit-il. "Cela peut aussi être un investissement patrimonial".

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