Logement : pour la Fondation Abbé Pierre, "la politique de prévention des expulsions ne marche pas"
Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, a commenté jeudi sur franceinfo la hausse des expulsions locatives en 2015 alors que la trêve hivernale débute le mois prochain.
À quelques jours du début de la trêve hivernale qui débute le 1er novembre, la Fondation Abbé Pierre a déploré jeudi 27 octobre une hausse de 24% des expulsions locatives en 2015. Elles sont passées de 11 604 en 2014 à 14 363 l’an dernier. "La politique de prévention des expulsions ne marche pas", a réagi sur franceinfo Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre.
franceinfo : Comment expliquer cette forte hausse en un an ?
Manuel Domergue : Pendant longtemps les ménages se sont serrés la ceinture pour payer leur loyer malgré la crise économique. Mais cela n'a qu'un temps. La privation sur le chauffage entre 2006 et 2013 a augmenté de 40%. Les ménages savent bien qu'il ne faut pas sacrifier le paiement du loyer à cause du risque d'expulsion. Mais à un moment, la réalité est plus forte, et cela casse. Et depuis une quinzaine d'années, il y a une augmentation des loyers, aussi bien dans le parc privé que dans le parc social où les loyers sont trop élevés pour des ménages à bas revenu. L'addition de la précarisation et de la hausse des loyers aboutit à des expulsions locatives, parce que la politique de prévention des expulsions ne marche pas.
La trêve hivernale est-elle une garantie pour les locataires?
La trêve hivernale est un répit pour les ménages pendant quelques mois. Ils peuvent être un peu protégés par rapport à leur bailleur. Cela permet aux gens de souffler, de prendre des conseils et d'être protégés quand il fait froid. Mais on meurt dans la rue autant en hiver qu'en été. Éviter les expulsions locatives, cela devrait être une priorité, hiver comme été, pour la puissance publique.
Comment prévenir les expulsions ?
Beaucoup de procédures existent mais la plupart des ménages ne les connaissent pas. Elles sont assez complexes et mises en œuvre de manière inégale selon les collectivités. Ces procédures sont utiles, mais il faut les mobiliser davantage. Quand le niveau des ressources est structurellement insuffisant pour payer son loyer, ces procédures ne suffisent pas. Il faut que la puissance publique, au lieu d'expulser, prévoie un relogement des ménages menacés dans le parc social. Il faut que ces ménages deviennent réellement prioritaires quand ils n'ont pas d'autres choix.
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