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Loi anti-squat adoptée : la Fondation Abbé Pierre, "triste" et "en colère", dénonce "la guerre aux pauvres" menée par le gouvernement

Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, s'est exprimé sur franceinfo ce jeudi après l'adoption de la loi anti-squat par le Parlement.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre était l'invité de franceinfo le mercredi 26 octobre 2022. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, s'est prononcé sur franceinfo jeudi 15 juin, après le durcissement des peines contre les squatteurs par le Parlement. Le texte adopté triple les sanctions encourues par les squatteurs, jusqu'à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. Christophe Robert souhaite en contrepartie une loi pour "aider à régler la crise du logement".

>> Logement : le Parlement durcit les peines contre les squatteurs


Franceinfo : Dans quel état d'esprit êtes-vous après le vote de cette loi ?


Christophe Robert : C'est un jour triste. Nous sommes inquiets et en colère. Nous sommes tristes, parce que la crise du logement sévit. Tout le monde le dit depuis des semaines et des mois, y compris le ministre du Logement. Pourtant, plutôt que de s'attaquer à la manière dont on pourrait soutenir et aider les personnes mal logées, la première loi de ce quinquennat dédiée au logement vise finalement à faire la guerre aux pauvres plutôt qu'à la pauvreté, aux mal-logés plutôt qu'au mal-logement, comme disait l'abbé Pierre. Franchement, c'est quelque chose qui nous touche profondément.

Qu'est-ce qui vous pose problème dans cette loi ?

Il y a des personnes qui vont se réfugier dans un local à usage commercial ou un local agricole, même vide parce qu'elles ne trouvent pas de place dans l'hébergement d'urgence ou parce qu'elles sont à la rue. Désormais, ces personnes pourraient être punies de deux ans de prison et 3 000 euros d'amende. Est-ce que c'est comme cela que l'on va régler la crise du logement ? Est-ce que c'est comme cela que l'on va réussir à soutenir nos concitoyens les plus fragiles ? Franchement, il y a quelque chose d'incompréhensible dans cette loi. Au départ, ce projet de loi devait dire : "attention, il y a des gens qui peuvent squatter votre canapé et vous n'allez pas pouvoir réussir à les expulser". Ce qui était complètement faux.

"Aujourd'hui, sans intervention du juge, vous pouvez demander l'expulsion immédiate des personnes".

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre

à franceinfo

Il faut plutôt aider ces personnes-là à trouver une autre solution de logement, et à leur ouvrir des droits plutôt que de leur mettre des peines de prison ou des peines d'amende.

Cette loi vise aussi à protéger des propriétaires qui peuvent être fragilisés. Est-ce quand même nécessaire ?

Je suis complètement d'accord avec ce dernier point ! Dans nos plateformes de prévention des expulsions locatives, à la Fondation Abbé Pierre, on reçoit des appels de propriétaires que l'on conseille. Évidemment, lorsqu'on invite à une plus grande prévention des expulsions locatives et à soutenir les ménages, c'est aussi bon pour les propriétaires que pour les locataires. Bien sûr que l'on a conscience que cette loi ne vise pas à régler la crise du logement.

"Où est la loi qui doit aider à régler la crise du logement ? Comment fait-on pour mieux prévenir les expulsions ? Est-ce que l'on va produire plus de logements sociaux ? Est-ce que l'on va arrêter les coupes budgétaires de l'Etat sur ces logements sociaux ?"

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre

à franceinfo

Après tout ce que nous avons produit pendant six mois dans ce Conseil national de la refondation, que j'ai coanimé, nous attendons maintenant des réponses. Nous savons à quel point le logement aujourd'hui, qui est devenu le premier poste de dépenses des ménages, nuit au quotidien de nos concitoyens. Nous savons à quel point il peut réduire les mobilités professionnelles, à quel point il a un impact sur la santé et sur la scolarisation. Voir les parlementaires passer autant de temps à chercher comment on va pouvoir pénaliser davantage ceux qui se retrouvent en difficulté, c'est vraiment quelque chose de l'ordre du déséquilibre démocratique qui nous soucie profondément.

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