"Entre la promesse et ce qui est fait, il y a une grande différence" : l'objectif zéro sans-abri d'Emmanuel Macron est loin d'être atteint
Un an et demi après la promesse du chef de l'État, "il y a toujours beaucoup de gens qui dorment dehors à l'heure actuelle, dans des conditions incroyables, voire ignobles", déplore Stéphane, sans-abri à Paris.
En juillet 2017, Emmanuel Macron, fraîchement élu président de la République, avait annoncé un objectif ambitieux : zéro sans-abri. Un an et demi après cette déclaration, on estime à 210 000 le nombre de femmes et d'hommes qui dorment dans la rue en France.
Au centre d'hébergement d'hiver d'Emmaüs Solidarité du 19e arrondissement de Paris, une centaine de sans-abri ont trouvé refuge. Stéphane, 44 ans, est ici depuis Noël. "C'était une bonne surprise, l'esprit de Noël peut-être, plus que l'esprit politique", sourit-il. Il y a encore peu de temps, Stéphane avait un petit appartement, et une télévision, où d'ailleurs il écoutait les souhaits du président Macron pour les sans-abri... C'était en 2017. "Entre la promesse et ce qui est fait, il y a une grande différence, déplore-t-il. Il y a toujours beaucoup de gens qui dorment dehors à l'heure actuelle, dans des conditions incroyables, voire ignobles. On ne s'en sort pas."
"Ça ne va pas se faire du jour au lendemain"
Pourtant cette année, l'État a fait des efforts, avec un chèque de cinq millions d'euros pour renforcer les maraudes, et 14 000 places d'hébergement supplémentaires en cas de grand froid. Le directeur général d'Emmaüs Solidarité, Bruno Morel, salue ces mesures, mais regrette qu'elles ne soient concentrées que pendant la période hivernale. "Je ne méconnais pas les efforts qui ont été faits, assure-t-il. Mais la vraie question c'est l'accès à un logement adapté aux difficultés des personnes. Donc construire du logement très social, construire du logement à un coût abordable pour nos publics."
Un logement pérenne pour tous les sans-abri, est-ce possible d'ici la fin du quinquennat, ou la promesse est-elle trop ambitieuse ? "Tant qu'il y aura une personne à la rue, le travail ne sera pas terminé, reconnaît le ministre chargé du Logement, Julien Denormandie. Tout ça ne va pas se faire du jour au lendemain. La situation est extrêmement difficile. L'année dernière, 20 000 personnes ont réussi à sortir de l'hébergement d'urgence, et je ne m'en félicite pas. On a fait un tel effort car la situation est aujourd'hui très compliquée."
En attendant des solutions plus pérennes, le ministre a demandé la réquisition de locaux de l'État pour accueillir des sans-abri en cas de grand froid.
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