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Crise du logement : "Ne pas faire de logements sociaux, c’est ne pas loger les personnes qui font vivre l’Ile-de-France", estime Emmanuelle Cosse

Il y a actuellement 783 000 demandeurs de logement social en Ile-de-France, soit deux fois plus qu'il y a dix ans, pointe la présidente de l'Union sociale pour l'habitat.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, le 16 juin 2021 à Paris. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Ne pas faire de logements sociaux, c’est ne pas loger les personnes qui font vivre l’Ile-de-France", estime Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, à la tête des HLM de France, invitée de France Bleu Paris lundi 4 décembre au matin. Elle décrit une situation "encore plus catastrophique de l'Ile-de-France".

L'Union sociale pour l'Habitat loge un habitant sur six, mais les listes d'attente s'allongent, notamment en Ile-de-France : il y a actuellement 783 000 demandeurs de logement social en Ile-de-France, soit deux fois plus qu'il y a dix ans, un chiffre "inédit". "On n’a jamais eu autant de demandeurs de logement social, en Ile-de-France comme dans toutes les régions, et on n’a jamais aussi peu construit de logements sociaux, puisque l’année 2023 va être une des pires années de construction, de lancements de programmes, constate Emmanuelle Cosse. Pour l’Ile-de-France c’est encore plus catastrophique. On avait quand même jusqu’à 32 000 à 36 000 logements sociaux lancés, là on ne sait pas si on va réussir à en lancer 20 000 cette année. Il y a un désarroi total".

Les loyers ont augmenté de 56% dans le parc privé

La présidente des HLM de France appelle à la "mobilisation générale" de l'Etat et des collectivités. "Le danger, c’est la colère mais aussi les conditions de vie en Ile-de-France, alerte Emmanuelle Cosse. Sur la région Ile-de-France, en vingt ans, les loyers ont augmenté de 56% dans le parc privé, les revenus ont augmenté d’un tiers. L’accession à la propriété est devenue quasi impossible pour une grande majorité des Franciliens. Beaucoup de salariés ont des emplois mais n’arrivent pas à se loger".

"Toute personne qui a du pouvoir, que ce soient les élus franciliens ou le gouvernement, devraient sonner le tocsin et appeler à une mobilisation générale, estime-t-elle. Il faut que le préfet de la région Ile-de-France ait des réunions constantes pour regarder chaque semaine les programmes et pourquoi ça bloque", mais aussi "faire respecter la loi SRU" (sur le quota de logements sociaux par ville).

Emmanuelle Cosse appelle aussi à libérer plus de foncier pour que les communes puissent construire des logements. "En Ile-de-France, il y a beaucoup de friches industrielles qui sont délaissées. Les communes concernées vont recevoir les arrêtés de carence, elles n’ont pas été mobilisées. Quand elles refusent de faire du logement, elles refusent de loger les personnes qui font tourner leur territoire. Ne pas faire de logements sociaux, c’est ne pas loger les personnes qui font vivre l’Ile-de-France. Donner des conditions déplorables aux Franciliens, demain tout le monde le paiera", alerte-t-elle.

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