Henri Proglio prend les commandes d'EDF
Même pas PDG, et déjà remis à sa place par le gouvernement... C'est la mésaventure qui est arrivée la semaine dernière à Henri Proglio - qui ne sera patron d'EDF qu'aujourd'hui, à l'issue d'un conseil d'administration. Bref, dans un entretien aux Echos, il fait part de ses ambitions pour EDF, qu'il verrait bien en chef de file de la filière nucléaire française. “Mon ambition est d'avoir une filière nucléaire française qui fonctionne”, dit-il.
_ C'est après que ça se gâte. Il qualifie d'erreur la fusion réalisée en 2001 entre Framatome, fabricant de réacteurs, et Cogema, qui fournit le combustible ; fusion qui a donné Areva. Alors qu'EDF et Areva se disputent depuis des années le leadership de la filière, Proglio veut ramener Areva au rôle de "sous-traitant important" qui lui était auparavant dévolu.
“Chacun doit s'occuper de ses dossiers”, a répliqué Christine Lagarde. La ministre de l'Economie a peu goûté ces propos qui, manifestement, ont été tenu sans l'aval de l'Elysée...
_ Cela dit, selon son entourage, elle a approuvé la détermination de Proglio “à vouloir renforcer la position de la France dans le domaine nucléaire”.
Car les mauvaises nouvelles s'accumulent depuis quelques mois pour les entreprises françaises. Les deux chantiers de réacteurs EPR, à Flamanville et en Finlande, accusent des retards importants.
_ Et les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise
ont critiqué récemment le système de pilotage de l'EPR.
Ce n'est pas tout : GDF Suez, Total et Areva font face à une forte concurrence dans un appel d'offres pour construire la première centrale des Emirats Arabes Unis. A
la demande du client, EDF a été appelé à la rescousse pour les épauler.
Reste que l'entreprise que va diriger aujourd'hui Henri Proglio est un énorme vaisseau : si l'on y ajoute Véolia environnement, dont il va garder la présidence du conseil d'administration (cette double casquette a d'ailleurs pas mal fait grincer des dents - mais est autorisée en droit français), on arrive à près de 500.000 salariés, pour des ventes cumulées de plus de 100 milliards d'euros.
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